J’espère que vous avez pu profiter sereinement du souffle nouveau de liberté offert par le déconfinement partiel de la France.
Pour certains, pourtant le cerveau est si habitué depuis deux mois à associer extérieur et danger, qu’il est même parfois difficile de retrouver le goût de sortir. Notre liberté n’a plus la même saveur.
Alors, il faut retrouver, le désir sous toutes ses formes. Désir d’ailleurs, désir de la rencontre.
Cette réflexion m’a amené à écrire le petit conte métaphysique qui suit.
Bonne lecture !
Mission d’Analyse du Désir
Dans son laboratoire, le professeur dessinait au tableau.
— Concentre-toi, bordel, c’est pourtant évident. Ça, c’est nous, dans le présent.
Il traça un point, puis un axe vers la gauche.
— De ce côté, c’est le passé. Net, précis. Une seule ligne de temps nous amène à notre version du présent. Pour remonter le temps, il suffit de suivre la ligne. Impossible de se perdre.
— C’est clair, répondit son assistant. Explorer le passé, dans l’espoir de changer le présent. Simple en théorie, difficile en pratique.
Le professeur ôta ses lunettes pour les nettoyer avec le coin de sa blouse blanche. C’était un coup bas. Oui, c’était pour l’instant une utopie. Il avait perdu son chien dans une expérience de voyage temporel. Désintégré ? Il aimait croire qu’il dormait sur le tapis d’une famille accueillante, en 1985.
Il reprit.
— Mais pourquoi, pourquoi diable, se limiter au passé ?
Sa question était rhétorique. Le regret rongeait l’humanité. Le pouvoir de changer nos actes était trop enivrant. Il avait succombé à cette folie lui aussi.
Il projetait maintenant un ensemble de lignes vers la droite, en étoile.
— C’est là qu’est l’erreur. Le futur est multiple. Il nait de la confrontation de nos choix individuels à une masse de probabilités.
— Justement – le coupa l’assistant. Le futur est indéterminé. Cela rend son exploration infaisable.
— Mais pourquoi ? Au contraire, libre à nous de choisir une branche à visiter. Je pense que nous sommes équipés, dès la naissance, d’une machine à explorer ce futur.
Il fit un geste de la main pour l’encourager à poursuivre. Silence désespérant.
— … Le désir, bien sûr. Le désir est l’invocation du futur dans le présent. Un futur souhaitable, brûlant, obsédant, qui le rend tangible, réel. Notre désir matérialise notre avenir.
Coup de massue. Nouveau silence. Il continua.
— Le désir se résout, se dissout dans sa réalisation. Lorsque l’on emprunte sa ligne temporelle, le désir s’évapore dans un mélange d’excitation et de peur. Excitation de constater qu’il devient réalité. Peur devant le potentiel qu’il libère. Il disparait, car il a accompli sa mission.
Le professeur termina son schéma par un arc de cercle entre le présent et un point futur. Au-dessus, il inscrivit le mot « désir ».
— Le désir n’est pas un sentiment. C’est un véhicule.
Le voyage temporel était là devant nous depuis toujours. Enfants rêveurs, amants fougueux, artistes inspirés, tous chevauchaient le temps sur les ailes du désir.
Fermant les yeux, le professeur s’apprêtait à dire au revoir. Assis dans son jardin, sa femme lui tenait la main. Son chien le regardait, sagement couché à ses pieds.
La dose de flow
Sur mon blog
J’ai publié mon deuxième article sur StopCovid. Après l’angle transhumaniste, je teste l’hypothèse de l’utilisation de l’application comme un levier de souveraineté nationale.
➡️ StopCovid: Un faux symbole de souveraineté technologique
Musique
Le désir est toujours là enfoui en nous, mais trop souvent nous le censurons. Pour désirer, il faut s’écouter. Apprendre à entendre les voix dans sa tête. Mais avant, profitez de ce morceau magnifique de Gaëtan Roussel, qui rend justice à sa voix envoutante.
Lecture
J’ai envie de partager des lectures qui m’ont marqué. En science-fiction/fantastique, je me souviens que Le Temps du Twist de Joël Houssin avait été une découverte marquante. Voyage dans le temps, zombies, loups-garous, antihéros et ambiance Rock’n Roll. Cocktail détonant et fun.
Le livre a reçu le Grand Prix de l’Imaginaire en 1992. Et oui, ça date et ça rend le bouquin difficile à trouver.
Pour d’autres partages sur la lecture et l’écriture, vous pouvez suivre mon compte Instagram.
À suivre
Merci à tous de me suivre et de me lire.
Je continue mon parcours d’écriture, en animant des groupes d’écriture et de partage. Le premier groupe est consacré à des participants qui écrivent dans le genre de l’imaginaire. La première session s’est tenue en vidéoconf, avec la lecture des textes des auteurs du groupe et d’une discussion sur chaque texte.
C’était convivial, passionnant, dépaysant et cela nous aide tous à progresser dans notre parcours d’écriture.
N’hésitez pas à me dire si vous souhaiteriez participer à un tel « club », sur le thème de l’imaginaire, ou pour des écrits romans/nouvelles plus classiques.
Je vous souhaite un excellent week-end, dans l’abondance de désir et de création !
— mikl 🙏
Photo by Ivan Vranić on Unsplash
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