Alors, comment se passe votre week-end ?
Je dois vous l’avouer, il y a des jours où j’ai un peu honte.
Lorsqu’on écrit régulièrement, lorsqu’on essaie de partager sa passion au quotidien, de partager sa vision du monde au travers d’histoires ou d’essais, on se retrouve à la fois submergé par les idées, et toujours à la recherche de nouvelles.
Alors, on lit, beaucoup. Ou on regarde un film. Ou une émission scientifique. On recherche ces petits riens qui vont nous permettre d’alimenter notre créativité.
Je me sens parfois comme ces gens qui marchent sur la plage après une tempête, en quête d’objets utiles ramenés par la marée. Est-ce que ce truc peut me servir dans un texte ? Souvent, je l’attrape, je note l’idée, au cas où.
La création est une quête, une quête sans fin d’émotions et de matière première.
Mais il faut aussi aller au-delà de l’accumulation. Il faut utiliser la matière et créer.
Dans cette quête, on se compare, souvent, aux autres auteurs, à des modèles.
C’est à ce moment-là que le malaise survient, comme une forme de honte.
Que je reprenne un texte, que j’en débute un nouveau, je vois toujours chacun des éléments qui le compose. Je sais que telle idée ou tel personnage m’a été inspiré par tel ou telle.
Je ne vois pas l’harmonie que je crée, je vois les détails, les atomes individuels que j’ai réutilisés. En écrivant ce texte, j’ai en tête les lectures qui m’ont inspirée dans ce raisonnement.
Au final, qu’est-ce qui est à moi, là-dedans ?
J’imagine que c’est la même chose pour tout le monde, dans toutes les disciplines. Pour moi, pour vous.
Qui n’a jamais trouvé que sa présentation pour la conférence du lendemain n’apportait rien ? Mais pourquoi ai-je accepté de venir parler ?
Qui n’a jamais douté devant l’article ou la note qu’il a écrits ?
Alors, oui, il y a bien cette phrase de Picasso qui est censée nous rassurer : « Les bons artistes copient, les grands artistes volent. »
Cette phrase est devenue une telle tarte à la crème qu’elle n’aide plus personne. Sa surutilisation l’a vidé de sa substance.
Pourtant, il y a un truc, une idée fondamentale à retenir face au malaise de la création.
La valeur de la création augmente avec l’osmose, avec la résonance, avec l’empathie qu’elle est capable de générer chez celui qui la reçoit.
Une grande œuvre touche à l’universel. Elle parle de l’humain, pas de l’auteur.
C’est le cas de toute création.
Les idées, les symboles, les personnages, les archétypes que l’on utilise dans un texte sont universels. Ils appartiennent à tout le monde. Ce qui diffère, c’est le traitement. Le point de vue. Et aucun autre auteur, aucune autre autrice ne peut avoir un point de vue totalement identique au nôtre.
(Ben oui, si j’ai exactement le même point de vue, c’est que je suis exactement au même endroit, donc je suis la même personne. CQFD. Voir figure 1.)
Il faut remettre notre honte au placard, ce n’est pas la question.
Un bon texte, c’est simplement la rencontre d’un point de vue assumé avec une bonne maitrise technique de la narration, de la construction des personnages et des dialogues.
Progresser sur le chemin de la créativité nécessite de revoir son rapport à l’originalité. L’originalité n’est pas où l’on croit, elle n’est pas dans l’idée elle-même, mais dans sa représentation.
Podcast
La semaine prochaine, le podcast Double Vie accueille Estelle Faye. Estelle est autrice. Elle raconte des histoires, sous toutes ses formes. Romans, nouvelles, scénario, littérature jeunesse, elle a même gouté au théâtre et au court métrage. Elle va nous parler de sa passion pour l’écriture et la création.
Pour patienter, vous pouvez écouter le podcast passionnant de la semaine dernière, avec Cécile Duquenne.
🎧 À écouter sur la chaine YouTube Double Vie.
À retrouver également sur Apple Podcast et le site Double Vie.
La dose de flow
Musique
Comment vous plonger dans la plus profonde nostalgie en un instant, parler d’une époque révolue, vous faire ressentir la joie et la tristesse, la peur et l’espoir, vous donner le sourire et faire couler les larmes en 3 minutes et 46 secondes ?
Il faut une maitrise incomparable de la chanson, de la narration, de l’humain et des mots. Hubert-Félix Thiéfaine est un maitre, qui touche à l’universel. La Ruelle des Morts en est une vibrante illustration :
Inspiration
Je suis tombé sur cette liste de conseils (en anglais) sur l’écriture, 40 conseils en une phrase, qui vont droit au but et sont assez pratiques. Je pense qu’ils devraient vous parler.
Je ne résiste pas à l’envie de vous en traduire deux :
- L’écriture qui résonne avec une audience n’a rien à voir avec ce qui est dans la tête de l’auteur, c’est l’expression de ce qui est dans la tête du lecteur.
- La chose la plus utile que vous pouvez apprendre d’un auteur ou d’une autrice qui a réussi n’est pas comment elle écrit, mais à quelle fréquence elle écrit.
Vous pouvez lire les autres sur le site de Josh Spector : 40 One-Sentence Writing Tips.
À suivre
Encore un week-end chargé en perspective, entre vaccination samedi, écriture dimanche avec un groupe d’amis ultra-motivés 🤘 Alors, oui, j’ai avancé sur mon roman le week-end dernier et je compte bien continuer.
Je compte préparer aussi une petite surprise pour la semaine prochaine, une surprise qui parle de notre relation à la technologie.
Je vous souhaite un merveilleux week-end !
— mikl 🙏
Photo by Ruslan Valeev on Unsplash
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