Alors, comment se passe votre week-end ?
Ce n’est pas qu’il fasse chaud, mais ça sent l’été, hein ?
Vous savez, ce moment bizarre où l’activité semble ralentir, partout autour de vous, mais où vous, vous mettez les bouchées doubles pour partir en vacances l’esprit tranquille ?
Ça sent l’été, car une fois n’est pas coutume, j’ai écrit ce mail un peu en avance. Et oui, à l’heure où vous lirez ce mail, je suis en train de faire un break, en week-end avec des amis.
Après tout, l’été c’est le moment de se détendre, non ?
Mais, c’est toujours pareil, lorsqu’on veut se détendre, les tensions resurgissent de plus belle. Ça vous le fait aussi ?
Quand je pense à la tension, cela m’évoque ce mail, reçu d’un client.
« Je vous écris parce que je vois que vous vous situez en haut de la chaine alimentaire dans votre société. »
Ouaip. Il a un client qui a osé écrire, ça. Un client américain. Je l’imagine petit chef, en blazer la semaine, avec ses flingues le week-end.
À se penser grand prédateur. Et nous, Européens, en bas de la chaîne alimentaire, comme les hyènes dans le Roi Lion. Je crois qu’il y’a des hyènes rieuses, et ça me fait du bien d’y penser.
Ce client a réussi un tour de force, celui de résumer en une phrase la violence des relations sociales, de faire ressortir le côté obscur des rapports humains. Ces moments où vos clients, votre patron, vos collègues tirent leur dernière cartouche, celle de la domination/soumission pour arriver à leur fin.
L’intimidation est souvent cachée dans une approche « passif agressif ». On vous menace à demi-mots. Je me suis toujours demandé pourquoi seulement à demi-mots ? Qu’est-ce qui empêche de franchir le pas en étant 100 % odieux et agressif ? Un reste de morale et d’humanité ? L’intégration de normes sociales ? La peur et la volonté de se ménager une sortie de secours si la situation et l’affrontement dégénèrent ? Sûrement, la petite lâcheté de pouvoir dire qu’on a mal été compris.
Putains de mâles alpha !
Alors, ces petites phrases paraissent finalement bien insignifiantes. Certains ne vont même pas y prêter attention, mais pourtant d’autres vont se sentir écorchés vifs.
Pourquoi ?
Évidemment, à ce stade, vous vous doutez que je suis dans le camp des écorchés. Pourtant, j’ai toujours rêvé de m’en foutre. J’ai travaillé pour rejoindre le camp de ceux sur lequel les aléas de la vie et les tensions des relations sociales semblent glisser.
Comment font les autres, pour avoir l’air si détaché ? Je me le demande souvent.
Comment font ces personnes qui semblent blindées, à la carcasse épaisse comme un char Panzer ? Est-ce juste un masque ? Un jeu d’acteur ?
J’ai mis longtemps à comprendre qu’il y avait des personnes qui sont, par nature, hypersensibles, pour qui les relations sociales peuvent être à la fois une bénédiction et une souffrance, dont l’empathie amplifie chaque sentiment, parfois à l’extrême, jusqu’à la douleur. Un point qu’un mot, qu’un regard peut déchirer, briser.
C’est bête et au début on lutte contre. Parce que tout semble tellement plus facile pour ceux qui ont l’assurance et la confiance pour eux, ceux qui semblent inébranlables, les hypersensibles essaient de s’endurcir. On essaie de devenir les gros durs dans la cour de récré.
C’est la quête de l’art de s’en foutre.
On trouve des expédients. On désamorce les attaques en se moquant de soi, pour être accepté par le groupe. C’est une rhétorique que l’on retrouve dans les battles de rappeurs. On essaie de paraitre « winner » et de montrer qu’on n’est pas un bisounours. « La vie est dure, c’est comme ça ma pauvre dame. » On souffre en souriant. On accepte, on s’inflige des blessures, comme ça pour s’endurcir. Dans ce masochisme du quotidien, on pense qu’on va s’habituer.
Mais tout cela nous dépasse. Comment se protéger, au-delà de sa propre souffrance, quand même la douleur de l’autre nous fait saigner ?
Et puis, un jour, on s’aperçoit qu’on s’est trompé.
L’art de s’en foutre est une quête impossible. On ne se désensibilise pas sans y laisser de plumes, plus que ça, sans y laisser une partie de soi. Avec cette sensibilité viennent l’empathie, la puissance d’observation, la capacité de concentration, et l’intuition. Une intuition qui nous fait comprendre les enjeux d’une situation instantanément. Une intuition qui permet de trouver un bug au jugé dans un code qu’on n’a pas écrit. Ce sont les deux faces d’une même pièce. On n’a pas l’un sans l’autre.
Ressentir chaque dissonance, souffrir de ses moindres erreurs, regretter le moindre mot qui semble décalé. Ressentir la douleur, c’est aussi être capable de profiter des moments de grâce. La sensibilité est aussi une force.
L’accepter, c’est s’ouvrir les portes de la création, être capable de saisir, comprendre et d’exprimer cette humanité. L’accepter s’accompagne finalement d’un devoir, celui de devenir un porte-parole de cette humanité et d’agir comme tel.
Deux faces d’une même pièce. Sentir la vie s’écouler avec intensité, c’est aussi vivre vrai et profondément, sentir chaque aspérité de la route.
Finalement, c’est aussi très cool d’être sensible, d’être investi, car c’est ça, être humain. S’en foutre n’est pas un but en soi. Une fois qu’on l’a accepté, on peut enfin se détendre.
Et ce week-end, je vais me détendre, bordel !! 😉
Podcast
La saison 2 est terminée. Je suis très fier du travail accompli et des progrès dans ma technique d’interview. En tout, j’ai réalisé 2 saisons, pour un total de 22 épisodes, sur un an.
Avec chaque interview, à chaque nouvelle rencontre, j’ai découvert une nouvelle manière d’aborder la création. C’est devenu un « exercice » que j’attends avec impatience, un moment de détente et de plaisir qui me booste pour les jours suivants.
Le podcast Double Vie reviendra donc à la rentrée, avec de nouveaux invités, mais aussi le retour de certains habitués.
N’hésitez pas à m’envoyer vos remarques et vos suggestions pour que la saison 3 soit encore meilleure. Si vous avez un moment cet été, merci de laisser une note et un commentaire sur Apple Podcast ou de vous abonnez et interagir avec la chaine YouTube Double Vie. Cela va aider d’autres personnes à découvrir nos invités.
D’ici là, je vous laisse écouter les anciens épisodes que vous auriez manqués, à commencer par celui de la semaine dernière avec Morgan of Glencoe.
🎧 À écouter sur la chaine YouTube Double Vie.
À retrouver également sur Apple Podcast et le site Double Vie.
Vidéo – Chimères #3
Les copilotes logiciels débarquent dans nos vies professionnelles. Le mouvement s’accélère dans l’informatique avec le lancement de Github Copilot, mais c’est une tendance qui nous concernent tous.
Je vous en dis plus dans le troisième épisode de Chimères :
La dose de flow
Musique
Radiohead avait enregistré un morceau pour le générique de James Bond Spectre. Le titre a été mixé, mais le morceau n’a finalement pas été retenu pour le générique, pour une raison inconnue. L’histoire ne dit pas si c’est un différent financier.
Toujours est-il que Radiohead avait publié le fruit de leur travail, et je le préfère de loin au générique officiel, Writing’s on the Wall par Sam Smith. Le titre officiel est beaucoup plus banal et passe partout. Le titre de Radiohead, plus subtil, plus dark, était peut-être trop marqué par la patte de Radiohead.
Et vous, vous en pensez quoi ?
Vous trouverez le titre de Radiohead disséqué (En Anglais), ici: How Radiohead Wrote the Perfect Bond Theme
Inspiration
J’aime beaucoup cette vidéo de Catherine Loiseau, qui parle des 3 clichés à éviter sur les guerrières. En cinq minutes, elle saisit très bien le problème avec les caricatures autour des guerrières dans les romans et les séries. C’est drôle, simple et efficace, merci Catherine !
À suivre
Ça y est, je me suis fixé une deadline : mi-septembre. Je veux finir mon deuxième jet de mon roman pour mi-septembre.
J’ai repris un bon rythme d’écriture, je prends beaucoup de plaisir à chaque séance, à creuser les personnages, les faire interagir entre eux.
Donc, voilà, je travaille en ce moment avec régularité, à moi de garder le rythme.
En attendant, je fais un break. J’espère que vous savourerez ce week-end autant que je le fais !
— mikl 🙏
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