Alors, comment se passe votre week-end ?
Je n’ai qu’un conseil pour vous y plonger encore plus confortablement : prenez votre temps, ralentissez, que diable !
Il y quelques jours, je décrivais la vie sans marge, la peine que nous cause la vie le nez dans le guidon. Pour donner le ton à cette lettre, ce premier Flow, quoi de mieux alors que de parler de ces marges, ces activités qui nous vident la tête et nous renseignent en même temps sur notre état d’esprit.
Alors parlons d’échecs. Le jeu d’échecs, of course.
J’ai « repris » les échecs il y a environ 6 mois et je suis ravi d’avoir pris cette décision, même si j’ai finalement assez peu de temps pour pratiquer. Je dis « repris », car je n’y ai jamais vraiment joué sérieusement.
Le jeu d’échecs fascine depuis des siècles, tout d’abord parce qu’il y a une beauté intrinsèque dans ce jeu. Une belle combinaison fera sourire l’amateur, une belle idée, un beau développement donne une satisfaction profonde lorsqu’on en comprend la clé.
Cette fascination tient à l’équilibre subtil de ses règles, mais aussi à la mythologie qui s’est développée autour du jeu au XXe siècle. Les échecs représentent en occident le symbole du combat des intelligences. Fischer, Spassky, Karpov, Kasparov, … sont autant d’icônes qui font partie de notre histoire au temps de la Guerre Froide.
J’ai également essayé le jeu de Go, il y a un moment, mais je suis revenu aux échecs, pour la relative simplicité du jeu. Son échelle limitée donne le sentiment trompeur qu’on peut maîtriser les arcanes rapidement. La personnalité des figures, le roi, la reine, les pions, etc. donne son âme au jeu. Je rentre facilement dans la philosophie des échecs, finalement plus proche de notre culture « occidentale » que le Go.
Surtout, le jeu d’échecs est un miroir de la vie. Il nous en apprend énormément sur nous-mêmes.
Certains comportements sont apparus de manière récurrente dans mes propres parties et me font prendre conscience d’aspects de mon caractère ou de mon tempérament sur lesquels je dois travailler. On peut se découvrir en analysant son style de jeu. On peut y voir des traits de personnalités, de son état d’esprit, et les travailler pour les faire évoluer. Par exemple, j’ai tendance à sous-estimer la qualité de ma position. Mes débuts de partie sont en général solides, mais gâchés par un manque de confiance dans le milieu de partie. Il y a une forme de spiritualité, de philosophie, de leçon de vie que l’on peut tirer du jeu, si on veut bien revoir ses parties avec l’introspection nécessaire.
Le jeu d’échecs nous apprend en effet à prendre du recul. Il y a aux échecs un syndrome qui est flagrant quand on débute. Le jeu d’échecs semble un terrain de jeu minuscule. Et pourtant, lorsqu’on est concentré, hypnotisé par une série de coups, lorsqu’on est focalisé sur une ligne de jeu, on peut se retrouver à ne plus voir qu’une partie de l’échiquier. Huit cases par huit cases, et finalement on n’en voit plus que quatre par quatre. Lorsque l’on manque de recul, notre esprit peut devenir facilement obsessionnel. Il ignore ce qui ne rentre pas dans son flow de pensée. Il ne voit plus les coups qui en prenant du recul, en prenant le temps de respirer peuvent sembler évidents. Un fou menaçait une pièce critique à l’autre bout de l’échiquier. Notre tour pouvait traverser l’échiquier pour attaquer simplement le roi adverse. On a manqué le coup car on a le nez dans le guidon. On y revient toujours.
Le livre d’échecs intitulé les coups invisibles aux échecs porte bien son nom. Il montre des cas où même de bons joueurs ont laissé passer des évidences. Les coups sont invisibles, car notre cerveau les a ignorés, sortis du cadre, tout simplement. C’est possible à l’échelle d’un terrain de jeu de quelques décimètres de côté. Imaginez maintenant ce que notre cerveau nous cache à l’échelle de notre vie. Notre manque de recul nous fait souvent passer à côté des évidences. Vivre sans recul, c’est vivre avec des œillères.
Il y a alors deux manières d’élargir notre champ de vision :
- Prendre du recul. Souvent. Très souvent même au début. Aux échecs, le débutant doit se forcer à élargir son champ de vision presque à chaque coup. Nous devons apprendre à avoir les mêmes réflexes dans notre vie, jusqu’à ce que petit à petit, ils deviennent des automatismes.
- Bien s’entourer et privilégier la discussion et l’échange. Bien s’entourer, cela veut dire trouver des personnes complémentaires pour échanger, pour nous aider à voir dans nos angles morts, dans nos zones d’ombres. Cela ne veut pas dire laisser sa vie être guidée par d’autres, mais cela signifie que nous pouvons servir de miroir à des proches, des collègues et les utiliser comme miroir pour explorer autour de nous et voir ce que nous ne voyons plus.
Les échecs sont pour moi une forme de méditation. Ils aident à se recentrer sur le moment présent, sur la partie en cours et permettent de faire le point sur son état d’esprit du moment.
Et pour vous, quel le jeu dans votre vie ? Échecs ? Go ? Un jeu de plateau favori ? Tout autre chose ?
Si vous jouez ce week-end, ce serait formidable de partager votre expérience et votre ressenti.
Quelques liens
- Le site de Luc Pitallier, mon prof : Les échecs
- Mon profil sur chess.com: mremond sur chess.com
La dose de flow
Développement personnel
Pour compléter le tableau sur mon état d’esprit, je suis en ce moment plongé dans la lecture de “Design de Vie” de Bill Burnett et Dave Evans.
Le principe du livre est d’amener le lecteur à tester sa propre vie par rapport à ses valeurs, à imaginer les changements qu’il pourrait y apporter pour mieux se conformer à ses valeurs, et surtout à expérimenter pour dessiner petit à petit la vie qui lui correspond le mieux.
J’en recommande la lecture, même si je pense qu’il vaut mieux avoir la chance de pouvoir s’appuyer sur un groupe de personnes qui fait le même exercice, pour pouvoir avancer à plusieurs. Faire ce cheminement en groupe permet de partager sa vision avec d’autres et d’écouter la leur, sans crainte de jugement.
Musique
Si vous recherchez un morceau léger pour illuminer votre week-end, j’écoute en ce moment en boucle le mini-concert de Suzanne Vega pour NPR.
Classe, élégance, simplicité, cette femme sonne juste.
Inspiration
Pour aborder l’entreprise sous l’angle éthique, je recommande cette courte présentation de Pascal Demurger, auteur du livre L’entreprise du XXIe siècle sera politique ou ne sera plus, et patron de la MAIF.
À suivre
Merci infiniment, sincérement, de m’avoir lu. Le but de cette lettre est de donner une autre couleur à votre week-end, d’alimenter votre réflexion et de partager un peu de la beauté de la vie.
J’aimerais que ce soit à la fois une bouffée d’air pure et un cocktail énergisant.
Pour cela, j’ai aussi besoin de recevoir votre propre énergie, alors, n’hésitez pas, si le cœur vous en dit, à partager un petit mot, une remarque, une suggestion, un souhait en retour.
Je vous souhaite un merveilleux week-end !
— mikl 🙏
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Photo by Ivan Vranić on Unsplash
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