Alors, comment se passe votre week-end ?
Dans le cadre de mes ateliers d’écriture, j’ai passé une partie du week-end passé à réfléchir aux sens, au toucher et aux conséquences de son absence. L’objectif était de produire un podcast collectif, sous la direction de Simonetta Greggio et Julie Beressi.
Voici le fruit de mon exploration.
Dans la rue quasi déserte, deux regards se croisent. Malaise. Brusquement, les yeux se détournent. Les corps rasent les murs. Trop d’intensité. Notre peur, notre culpabilité n’y résistent pas. La peur de la maladie est devenue la crainte de l’autre.
Dans notre culture qui célèbre les sens, le toucher était le bouc émissaire idéal. Le goût, l’odorat, la vue et l’ouïe ont leur place dans les restaurants, chez les parfumeurs, dans les musées et les salles de spectacle.
Et le toucher ?
Dispensable. Son souvenir s’efface. La sensibilité s’estompe. Privés du toucher, nous restons là, confinés, asséchés, attachés à un lieu, mais déracinés du monde. Alors, orphelins des sens, nous attendons la pluie, la caresse de la présence du monde — et de l’autre.
Pourquoi me manque-t-il tant ?
C’est vrai, je n’ai jamais été un tactile, toujours mal à l’aise face à ces gens qui vous touchent. L’épaule, la main, le bras. Où cela va-t-il s’arrêter ? Stop ! Je le ressens comme un leurre, un signal de connivence, une façon de prendre l’intuition en défaut, de lui dire « Nous sommes intimes, aie confiance ». Je me méfie de l’intention. Ma peau est ma carapace, ma dernière protection. M’effleurer, c’est mettre mes défenses en alerte.
Pourtant, je n’ai rien contre. Tout commence par là.
Le souvenir d’une rencontre me revient, la première avec mes enfants.
Peau contre peau. Trois mots. La marque de l’intime.
Après la naissance, après le stress de l’accouchement, c’est un premier contact apaisé, l’abandon au corps. J’ai lâché la main de sa mère, quitté une peau pour une autre. Petit être fragile, minuscule, recroquevillé, qui peine à ouvrir les yeux. Ce dont il a le plus besoin pour se rassurer, c’est la chaleur de mon torse nu, ma respiration qui le berce et le battement familier d’un cœur puissant pour battre à l’unisson.
Le toucher est plus que le contact. C’est une forme de communion, la rencontre de deux vibrations.
Le temps est passé, ma cuirasse s’est durcie. Le toucher et moi étions un peu fâchés. Nous nous sommes retrouvés dans une retraite au milieu de la nature. Avec la confiance du groupe, j’ai mué, tombé les masques. J’ai réappris. Pleurer en s’étreignant. Les yeux fermés, se tenir la main et sentir la force du monde. Jouir de la simplicité du contact avec la terre et l’eau.
Le toucher, c’est ce qui reste quand toute autre forme de communication devient impossible. Pour l’enfant qui a peur, pour l’âme sœur, pour l’ami que l’on console, la chaleur d’une étreinte surpasse tous les mots du monde.
Toucher, c’est fusionner avec la nature. Sentir les arbres bruisser lors d’une marche en forêt. Apprécier la douceur abrasive du sable s’échappant sous les pas, aspiré par les vagues. C’est habiter ce monde.
➡️ Écouter ce texte dans le podcast “Le toucher”
La dose de flow
Sur mon blog
Comment se réperer dans des projets au long court, dans des écrits, comme dans les réalisations professionnelles ?
J’en parle sur mon blog: En un mot.
Inspiration
Mon texte sur le toucher figure dans le podcast de l’atelier Patience, journal de l’ailleurs et du soi: Episode 1: Le Toucher 🤟
Vidéos
Mon fils Julien Rémond se passionne pour la réalisation de clips. En explorant avec lui des réalisateurs originaux, nous avons découvert le réalisateur Anton Tammi. Le style est très personnel, parfois fort et violent. Pour rentrer dans son univers, vous pouvez commencer par le morceau Uh Huh de Somewhere Else:
Autre coup de coeur, du même réalisateur, Blinding Light de The Weeknd.
Et pour voir la (plus modeste) première réalisation de Julien Rémond, pour Serenic, voici Appart 403:
À suivre
Écrire, jusqu’à plus soif pour oublier le confinement, mais surtout pour progresser et prendre du plaisir.
À l’heure où vous lirez ces lignes, je participerais à un atelier avec Lionel Davoust et une petite dizaine de compagnons de route, à explorer l’écriture des scènes d’action.
Je vous souhaite également d’avoir trouvé un moyen de vous évader ce week-end. J’apprécie toujours autant vos retours, vos petits messages et encouragements.
Parlez-moi de votre semaine, de vos projets du week-end, de vos joies et vos doutes.
Mes pensées sont avec vous,
— mikl 🙏
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Photo by Ivan Vranić on Unsplash
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