Alors, comment se passe votre week-end ?
Notre vie a trouvé un rythme de croisière. En six semaines de confinement, nous sommes maintenant dans une phase de routine. Pour la pimenter, on s’accroche aux souvenirs, à nos projections, voire nos fantasmes.
Cette semaine, j’explore ce que peut signifier vivre à deux cents à l’heure.
Jetlag
En quittant l’aéroport, je saute dans un taxi jaune. Il empeste la clope. Les sièges fatigués, le skaï couleur cendre, tout m’écœure. Le chauffeur me parle, mais je ne capte rien de son accent Indo-New-Yorkais.
Ce doit être le jetlag.
Rien de glamour. Pourtant, j’ai appris à aimer cet entre-deux, entre l’aéroport et la destination. Je suis épuisé, mais je savoure ce qui vient après. Déjà parti, pas encore arrivé. Le corps se relâche.
Le souffle chaud de la ville entre par la vitre avant. Elle ne ferme plus. L’air est iodé. New York, ville cité, mégalopole qui sent la mer ? Voyager, c’est vivre dans une hallucination.
Le paysage industriel défile. Dans le souffle barbare de la ville, je perçois la vibration des hommes, l’énergie de la fourmilière. Je renais.
Manhattan, 23e rue. Le taxi s’arrête devant l’hôtel Chelsea. Le bâtiment est imposant, l’entrée discrète. Coincé entre une boutique de guitares vintage et un vendeur de donuts, tout est resté dans son jus. Je franchis la porte pour remonter le temps. Un vieux résident squatte l’accueil, avec sa veste rose et son chihuahua hébété dans les bras. L’ascenseur, d’une lenteur exaspérante, ressemble à un monte-charge. Les couloirs sont crasseux. Avec une clé, à l’ancienne, j’ouvre la porte de ma chambre. Elle coince dans le chambranle. Impossible d’accrocher la chaîne de sécurité. Dans la minuscule salle de bain, je laisse couler l’eau. Un tremblement sourd remonte des canalisations. Le liquide qui en sort est ocre, chargé de rouille. Il tourne dans l’évier, lentement se purifie.
Avant moi, d’autres artistes se sont perdus dans ce lieu, puis, parfois, retrouvés. Mes compagnons de route. Comme si séjourner ici me faisait rejoindre leur Panthéon. Ils défilent dans une longue procession. Jack Kerouac, Arthur Miller, Leonard Cohen, Jimi Hendrix.
Je m’écroule sur le lit. C’est drôle, je n’imagine pas la plénitude depuis mon canapé. Exister est synonyme d’ailleurs. C’est un élan de vie, une impulsion. Tout vient de l’énergie.
Je m’abandonne à une force qui m’entraine dans une autre dimension, peuplée de fantômes, de créatures mythologiques. J’absorbe la puissance du lieu, des êtres qui l’habitent. Cannibalisme spirituel. Je me repais d’eux.
Est-ce une quête ? Une fuite ?
Shoot d’adrénaline. Mon cœur bat dans mes tempes. Vivre fort. Mon âme électrise mon corps. Je me lève pour suivre mon instinct.
En partant, j’ai laissé derrière moi ma part d’ombre, mais elle me rattrapera. Dans cette parenthèse, j’ai de l’avance sur mes démons.
Je repasse la porte de l’hôtel.
Je vais me nourrir du sang de la ville.
La dose de flow
Sur mon blog
J’ai longtemps voulu partager ma vision de l’accident de Guillame Néry, tel que je l’imagine se dérouler, comme une tragédie en un seul acte : Profondeurs.
Inspiration
Je parle de Guillaume Néry pour ses performances sportives, mais il a également réalisé avec sa compagne Julie Gautier, de magnifiques ballets aquatiques. Je vous laisse planer avec leur vidéo emblématique, Ocean Gravity :
Je vous recommande également de l’écouter dans sa conférence TEDX : « Voyage entre deux inspirations : Guillaume Nery, TEDxToulouse ».
Musique
Pour continuer à voler, partir loin dans une méditation profonde, laissez-vous porter par Estas Tonne et One Heart Family, avec l’album Mother of Souls. C’est un voyage, aux frontières de notre conscience.
À suivre
Le week-end dernier, je suis parti pour un voyage d’une quinzaine d’heures dans l’écriture.
Pendant que je relevais les challenges de l’atelier de Lionel Davoust, je recevais vos petits mots touchants (Voir Mickaël au Tibet, euh, le Flow #9, sur le toucher).
Ce week-end sera moins intense, mais d’autres challenges m’attendent pour nourrir mes prochains flows. Cela me laisse tout le temps de vous lire. À ce propos, si vous écrivez ou rêvez d’écrire seriez-vous prêt à participer de temps en temps à un petit call vidéo (gratuitement) pour lire certains de vos textes, avoir des avis et des conseils ? Le but est de pouvoir partager sa passion des mots et progresser ensemble. Si l’idée vous séduit, envoyez-moi un petit message.
Portez-vous bien et passez un merveilleux week-end !
— mikl 🙏
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Photo by Ivan Vranić on Unsplash
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