Alors, comment se passe votre week-end ?
Il commence pour moi sous le choc de l’actualité. Le choc aussi de voir un texte récent placé sous une lumière différente par une attaque terroriste. Aujourd’hui, si je ne l’avais pas déjà publiée, je l’aurais gardé dans un tiroir de peur qu’il soit mal interprété.
Cela ne m’empêche pas de continuer à parler de fantastique. Voici un petit texte que j’avais écrit pour un atelier d’écriture, sur le thème des animaux très méchants. Le but était de se placer dans la tradition des films ou la force antagoniste est un animal qui s’attaque à l’homme, comme Les oiseauxd’Alfred Hitchcock ou Les dents de la mer de Steven Spielberg.
Voici donc mon texte « animalier », qui va vous emmener dans le Pacifique.
L’expédition scientifique était venue dans les Galápagos pour étudier la faune. De son point de vue de naturaliste, Horace ne regrettait en rien le déplacement. Sur terre comme en mer, la diversité y était encore exceptionnelle. Face à une telle beauté, il aurait été facile d’oublier l’objet du voyage : recenser l’ensemble des tortues géantes qui vivaient encore sur chacune des iles de l’archipel.
Après un tour exhaustif, l’équipe de chercheurs devait visiter une dernière ile baptisée Niña. Elle ne faisait pas vraiment partie de l’archipel. Les chances d’y trouver des tortues étaient bien minces.
Le voyage fut plus morose, car il touchait à sa fin d’abord, mais aussi, car ils sortaient de la zone protégée. La violence du monde se ressentait déjà. À mesure qu’ils s’approchaient de leur dernière étape, la faune marine se raréfiait. Dauphins, poissons volants, barracudas leur avaient faussé compagnie.
Un petit groupe de six personnes avait accosté sur la plage, dans une simple barque. Horace voulait passer la journée sur place avant de prendre le chemin du retour. Ils s’enfoncèrent directement dans les terres arides et montagneuses, vers le centre de l’ile. Le silence les enveloppa. Aucun chant d’oiseau ne les accompagnait. La chaleur était déjà oppressante.
Après une bonne heure de marche, Horace dégoulinait de sueur. Son attention fut attirée par un trou caractéristique des zones de pontes des reptiles, à l’ombre d’un énorme rocher. Il se rapprocha de l’espèce de nid, pour gratter délicatement la terre de la pointe de sa pioche. Il découvrit un premier œuf, de taille proche d’un ballon de basket, probablement six à huit fois plus gros qu’un œuf de tortue Galápagos. Excité par sa découverte, il continua à creuser. Les autres membres du groupe l’avaient rejoint. Tous étaient interloqués par leur découverte. Il venait de mettre à jour une quinzaine d’œufs géants.
Horace ne put résister. Fasciné, il souleva à pleine main le premier œuf devant lui, avec une grande délicatesse. Il devait peser près de quatre kilos.
Il entendit un craquement net. Le bruit fut suivi d’une douleur vive dans sa main droite. Le bébé le mordait, le pinçait, semblait lui broyer la main. Il lâcha l’œuf immédiatement, mais son assaillant gardait la prise. Mais d’où viennent ces dents, pensa-t-il ?
Ses compagnons furent prompts à réagir. Ils saisirent à deux la bête qui gigotait au bout du bras d’Horace. L’animal renonça brusquement et ils le jetèrent alors à quelques mètres, en continuant à l’observer. La chose avait entièrement brisé sa coquille et se tordait comme un ver, à l’intérieur de sa carapace molle, encore transparente.
Ils n’avaient pas entendu ses parents approcher dans leur dos. Lorsqu’ils se retournèrent, deux reptiles avançaient lentement vers eux. Semblables à deux tortues, les bêtes mesuraient pourtant plus de deux mètres de haut. Leur carapace ressemblait à un char d’assaut.
Les scientifiques prirent leurs jambes à leur cou. Horace encore sous le choc mit du temps à démarrer, mais tous couraient maintenant pour ne pas se retrouver coincés entre les animaux géants et la paroi rocheuse. Comme toutes les tortues, les deux reptiles étaient extrêmement lents. Les scientifiques avaient pu les distancer sans peine.
Alors qu’ils étaient maintenant à bonne distance, Horace fit une pause pour reprendre son souffle et s’inquiéter de sa blessure. Il se retourna pour observer les deux poursuivants du coin de l’œil. Une des tortues géantes se tortillait frénétiquement. En quelques secondes, la bête avait réussi à s’extirper de sa carapace. Elle ressemblait maintenant à un énorme crocodile. Allégée d’un poids conséquent, elle galopait maintenant vers Horace à une allure incroyable. Le chercheur reprit sa course, mais il était déjà trop tard. La bouche de la bête s’était déjà refermée sur son torse. L’animal souleva Horace du sol et le fit tournoyer dans sa gueule, comme une poupée de chiffon.
Pour pimenter l’exercice d’écriture, nous devions tirer au sort un animal. Je suis tombé sur la tortue. J’ai donc naturellement eu envie de jouer avec une approche similaire à Jurassic Park.
Podcast
La semaine prochaine, le podcast Double Vie accueille Noëmie Lemos. Elle est travaille dans l’agroalimentaire, mais est également autrice dans le domaine de l’imaginaire. Elle a déjà publié une première nouvelle et une autre est sur le point de l’être. Elle nous parlera de sa passion et nous racontera son parcours.
Pour patienter, évidemment, vous avez maintenant un beau catalogue d’anciens podcasts, dont celui avec Fanny Ruwet, humoriste, publié la semaine dernière.
🎧 À écouter sur la page Double Vie.
À retrouver également sur Apple Podcast.
La dose de flow
Inspiration
Cette semaine, j’ai regardé une autre conférence Ted d’Elizabeth Gilbert sur la création. Elle y parle de la difficulté à écrire lorsqu’on a eu du succès et de la peur de ne pas créer des textes de valeur lorsqu’on est encore inconnu. Elle cite une anecdote très sympa avec Tom Waits et en tire des enseignements pour l’aider à se détacher de la pression créatrice.
Musique
Je suis fasciné par le clip Ghost de Travis, groupe de rock de Glascow. Ce clip a été réalisé pendant le confinement par Fran Healy, le leader du groupe. Pour s’occuper l’esprit, il s’est mis à dessiner et créer de petites animations. Il a partagé le résultat à ses fans, puis l’a envoyé à sa maison de disque en proposant d’utiliser cette technique pour réaliser un vidéo clip. Devant l’enthousiasme, il s’est attelée à cette tâche pharaonique. À raison de 17 heures par jour pendant cinq semaines de confinement, il est arrivé au bout du projet.
Je trouve le résultat incroyable, touchant et bourré de clins d’œil. J’y suis venu pour le visuel, je le réécoute en boucle pour la musique.
À suivre
Le week-end dernier a été productif, mais bien évidemment le résultat est loin de mes ambitions démesurées. La semaine a ensuite été erratique, sans pouvoir me poser pour une longue session d’écriture. Alors, j’ai avancé par petites touches et ça marche aussi.
Parmi les auteurs et autrices que je côtoie, une partie d’entre nous va se lancer pour le Défi du Roman d’Automne, traduction personnelle du défi américain NaNoWriMo (National Novel Writing Month), qui consiste à écrire un premier jet de roman ou de novella au mois de novembre.
Il nous reste deux semaines pour nous préparer.
Pour être au courant des initiatives que nous allons lancer autour de ce défi, que cela vous intéresse d’y participer ou pas, vous pouvez rejoindre le canal Telegram Double Vie. J’y parle aussi régulièrement de création et d’écriture.
Je vous souhaite un week-end serein, apaisé… et créatif !
— mikl 🙏
S’abonner
Vous pouvez vous abonner gratuitement à cette lettre hebdomadaire en remplissant le formulaire suivant:
Photo by Ivan Vranić on Unsplash
Laisser un commentaire