Alors, comment se passe votre week-end ?
C’est le week-end que ce second confinement se ressent le plus, finalement. Durant la semaine, il est plus facile de bouger, de se déplacer. Je vais même régulièrement à mon bureau, dans lequel je suis seul. Mes collègues sont en télétravail.
Le week-end, il nous reste la vie par procuration, alors j’écris. Ça tombe bien c’est le mois de l’écriture, mais j’aurais fait la même chose sans cette opportunité.
Dans l’écriture, comme dans la lecture, cette vie au travers d’un « proxy » (oui, je suis aussi développeur) se concentre sur les personnages. Et j’ai découvert combien la création des personnages est fun.
Les personnages sont le moteur des histoires. Dans un texte, dans un film ou une série se sont les tranches de vie des personnages qui s’intercalent pour faire avancer l’histoire. Chaque personnage représente un fil narratif dans la trame du récit.
La notion de tissage est critique. À l’extrême, le tissu peut être très lâche. Le film Shortcuts en est un bon exemple. Il a été créé à partir d’un recueil de nouvelles de Raymond Carver. Robert Altman et Frank Barhydt ont repris cet ensemble de nouvelles en utilisant comme lien le regard de l’auteur sur la vie, les bassesses et les faiblesses des Hommes. Le résultat est un film fait de vies entremêlées, qui se croisent, se répondent en écho, sans presque se toucher.
À l’autre extrême, on trouve le roman qu’ont dit « choral », dans lequel plusieurs clans et des dizaines de personnes vivent dans un univers où leurs actions se déroulent en parallèle, mais sont intimement liées et convergent vers une résolution commune. Game of Throne par exemple est un roman choral.
La vie, les histoires, la fiction et même la réalité sont faites de personnages qui rentrent dans l’arène et que l’on regarde vivre. La réalité nous plonge dans notre propre histoire, pensez au Truman Show.
Les personnages font tout. Ils font l’histoire. De combien de scénarios pouvez-vous vous rappeler avec précision ? Ce qui reste, ce sont les personnages. Forrest Gump en est une illustration fascinante.
C’est pourquoi avant de comprendre qu’un scénario est bancal, vous tiltez avant tout sur la réaction de tel ou tel personnage. « C’est n’importe quoi ». Et oui, un personnage doit être cohérent.
Le personnage est un véhicule, une enveloppe charnelle de papier, dans laquelle votre esprit se glisse. L’histoire ne touche le lecteur qu’au travers des yeux des protagonistes.
Je pourrais vous parler des heures de l’importance des personnages et comment la fiction le met parfois en abime (coucou Cube).
Écrire, c’est inventer des vies et des points de vue. Pour faire écho à Emmanuel Carrère, c’est imaginer « d’autres vies que la sienne ».
Bon mois de l’écriture !
(ou de la lecture)
Podcast
La semaine prochaine, le podcast Double Vie accueille Jean-Claude Lalumière. Jean-Claude travaille dans la communication dans un grand musée, mais s’est surtout un créateur riche de multiples facettes. Polar, livre d’aventure pour ado, il est surtout auteur de romans, de véritables tranches de vie, aux personnages forts et attachants. Parmi eux, le Front Russe, salué par la critique, est un bon moyen d’entrer dans son univers.
Côté podcast, pour patienter, vous pouvez écouter ou réécouter les anciens podcasts, dont le dernier avec Marjorie.
🎧 À écouter sur la page Double Vie.
À retrouver également sur Apple Podcast.
La dose de flow
Musique
Le nouvel album de Gaël Faye est enfin sorti. Il est exceptionnel, c’est un petit bijou. Gaël Faye est un parolier incroyable. Je vous laisse écouter les titres phares, comme Respire ou le titre éponyme Lundi Méchant. Je les écoute en boucle et les clips sont magnifiques.
Je voulais souligner que l’album est rempli de pépites, alors je vous laisse avec ces deux minutes d’ambiance New Yorkaise. Comme j’aimerais y être.
Inspiration
Je vous partage ces quelques minutes d’interview de Quentin Tarantino (merci à mon fils Julien pour la trouvaille). Il y explique comment il a appris à créer des dialogues. Le soir, après une séance au cinéma, il essayait de réécrire de mémoire les dialogues d’une scène clé. Et il complétait ce qu’il avait oublié.
C’est un exercice parfait pour comprendre le rythme d’un dialogue, sa subtilité, son rôle narratif.
Je vous laisse revoir la fameuse scène de Pulp Fiction sur le Royale with Cheese, pour comprendre avec quelle finesse Tarantino y campe ses personnages et la raccroche en quelques phrases, à la mission que les tueurs ont à accomplir .
À suivre
J’ai atteint la moitié du Défi du Roman d’Automne. Jusqu’ici tout va bien et je suis très content de la manière dont la routine se met en place. Il me reste à gagner en endurance, car après 2 h d’écriture, mon cerveau part en balade.
Merci encore pour vos encouragements et vos petits messages. Certains se sont plaints de ne pas avoir reçu de cassette avec la lettre de la semaine dernière, mais je suis sûr que vous n’avez plus de lecteur à cassette encore fonctionnel. Envoyez-moi une petite photo si je me trompe 😉
Je vous souhaite un merveilleux week-end !
— mikl 🙏
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Photo by Ivan Vranić on Unsplash
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