Alors, comment se passe votre week-end ?
Une année morose se termine. Son caractère anxiogène est renforcé par notre addiction aux réseaux sociaux et aux infos. C’est une année qui donne l’impression qu’à la fois tant de choses se sont passées et que rien n’est arrivé.
2020 parait être une année dont nous avons été spectateurs. Une année vécue sur la touche. Par procuration. Pour moi, le recul commence toujours par un mouvement. Par le fait de bouger, de changer de lieu, de sortir du quotidien. Aller voir un client, participer à une conférence, rencontrer d’autres personnes et d’autres cultures. Adopter un autre point de vue. Cette année, c’était un exercice impossible.
Alors que me reste-t-il finalement de cette année ? Un sentiment d’oppression, dans une année qui a filé sans qu’on la remarque. Si je me laisse aller, je me retrouve facilement débordé par les crises de panique face à cette année vierge, sorte de coquille vide dans l’espace-temps.
Cette simple phrase donne pourtant une clé importante. Une coquille vide est faite pour être remplie, habitée.
Donner un sens. Au travers des rencontres d’abord. Et c’est ce que j’ai fait cette année. Le podcast Double Vie a été un ballon d’oxygène formidable. Mes ateliers d’écriture et mes réunions d’auteur·rice·s aussi. Rencontres à distance, mais bien réelles.
Donner un sens avec la création ensuite. Écrire est un acte qui remplit. Parce que oui, créer, c’est vivre.
C’est la magie du texte, des histoires et du cerveau humain. Nous pouvons vivre au travers d’un grand texte, ressentir les émotions, faire disparaitre la réalité autour de nous. Être ailleurs.
Est-ce triste ? Est-ce une béquille, un substitut ?
Non, c’est le fonctionnement du cerveau humain. Son grand pouvoir de se créer une réalité, différente de celle de ses pairs, mais aussi réelle, puissante et forte. Aussi vraie.
L’écriture est une discipline, un art particulier.
Complexe et si simple.
Un canal de communication directe avec l’âme.
Qui vise l’universalité en faisant vibrer le particulier. En racontant des histoires qui parlent à tous. En créant des personnages qui se raccrochent à notre humanité.
C’est être seul devant sa page, avec l’humanité à ses côtés.
Je souriais jadis en cours de Français quand le prof analysait l’intention de l’auteur. Et qu’est-ce qu’on en sait de l’intention de l’auteur ? Je trouvais qu’il y avait un peu de charlatanisme dans l’histoire, un peu comme faire parler les morts.
Le lecteur interprète souvent bien au-delà de ce que l’auteur avait conscience de dire. Il trouve un sens caché.
Et justement. Il y a de ça dans l’écriture. Une cristallisation d’un vécu, des émotions de l’auteur, de sa culture, de millénaires d’humanité. Un lien à ce patrimoine qui ne rend similaire et nous différencie tous.
Au-delà de l’intention de l’auteur, c’est la magie de l’art qui opère et la transcende.
L’auteur est une flamme qui projette une image sur de multiples plans. Simplicité et complexité.
Dans l’écriture, il y a une salve, une déflagration qui tord, distord l’idée fondamentale, sa nature même. Elle est là au bout de la route. Elle vous regarde dans les yeux, telle qu’elle vous apparait.
Éclatée façon puzzle.
Comme un Picasso.
Elle vit. Compréhensible. Accessible. Imparfaite mais humaine. Singulière et universelle.
L’écriture, c’est la quête de ce moment magique.
Qu’on l’approche, qu’on s’en éloigne, peu importe finalement.
Car tout cela n’est qu’un jeu dont personne ne connait les règles.
L’essentiel est de reste à la table et de continuer à jouer.
À bien y réfléchir, certainement ai-je vécu une de mes années les plus riches.
C’est le flow #42. Dans la culture geek, dont je me réclame, 42 est une référence presque universelle. Tout le monde connais la grande question sur le sens de la vie dans Le guide du voyageur galactique de Douglas Adams.
Après des millions d’années de calcul, un supercalculateur parvient à fournir une réponse à la grande question sur la vie, l’univers et le reste. C’est 42.
Le problème, c’est que personne, même l’ordinateur, n’a vraiment compris à quelle question il répond.
Podcast
Cette semaine, le podcast Double Vie accueille Maun, un des piliers du groupe Demago. Demago est un groupe d’une énergie incroyable, qui produit une musique ciselée, mais surtout servit par des paroles absolument magnifiques. Si vous ne le connaissez pas encore, je vous invite à écouter leur dernier album « BatTement », qui est pour moi un des deux albums marquants de cette année (l’autre étant « Lundi Méchant » de Gaël Faye).
🎧 À écouter sur la page Double Vie.
À retrouver également sur Apple Podcast.
La dose de flow
Musique
Cette semaine, je vous propose cette reprise magnifique par Johnny Cash du morceau Hurt de Trent Reznor (Nine Inch Nails).
Je l’ai découvert récemment dans la série Person of Interest et c’est une version encore plus puissante que le morceau original.
Inspiration
J’ai été fasciné par cette interview illustrée de la photographe Ami Vitale. Elle a exercé en zone de conflit et photographié des choses dures, mais elle a surtout parcouru le monde pour les rencontres dont je parlais, pour regarder l’humanité, en dresser le portrait et en extraire l’essence, et la beauté.
C’est une personnalité incroyable et généreuse, bien loin des clichés du reporter de terrain, mâle baroudeur, quasi-militaire.
À suivre
Le DRomA, le Défi du Roman d’Automne est terminé. J’ai atteint 80 % de mon objectif. Il me reste maintenant à terminer le premier jet de mon texte.
Ensuite ?
Je vais boucler la boucle et repartir pour un deuxième jet, corriger les plus gros défauts que j’ai déjà repérés.
La route est encore longue, mais le progrès accompli en novembre m’a réellement permis de faire un énorme pas en avant sur ce chemin.
Je vous tiendrai au courant.
Je vous souhaite un merveilleux week-end !
— mikl 🙏
Photo by Ivan Vranić on Unsplash
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