Alors, comment se passe votre week-end ?
Je crois qu’on a tous besoin de se changer les idées, alors, voici un petit texte, tout frais écrit pour vous ce matin.
La porte était ouverte. Il avait même oublié qu’elle existait. Depuis combien de temps était-il dans cette pièce ? Il n’avait aucun souvenir d’avant.
Aucun souvenir. Cela ne l’aidait pas non plus à trouver du sens. Pourquoi était-il ici, déjà ? Aucune idée.
Des jours, des semaines, des mois sans parler à quiconque rendait la réflexion pénible, presque douloureuse.
Des images, il en avait plein la tête. Des paysages somptueux, des plages magnifiques, des forêts luxuriantes. Le soleil, la lumière, la beauté, le bleu du ciel lui brulait le cerveau.
Mais il n’était jamais présent dans ces souvenirs, lointains et désincarnés. Il y avait des animaux, certes, comme ce troupeau d’éléphants avançant en file indienne dans la savane. Mais, il n’y avait pas d’être humain.
Il fit un effort pour se recentrer. Il était seul, assis en tailleur au milieu d’une petite pièce aux murs blancs. Le seul meuble se trouvait à sa droite. Un lit, blanc aussi.
Il n’y avait pas de miroir. Il ne pouvait pas se voir, savoir à quoi il ressemblait. Était-il jeune ? Vieux ? Quelle importance ? Son regard glissa vers ses mains. Elles étaient fortes, puissantes, encore jeunes.
Il fit craquer ses doigts avant de se lever.
Il était maintenant debout au milieu de la pièce. Il était vêtu de blanc.
Il avait certes d’abord pensé qu’il était fou, qu’on l’avait enfermé ici pour le protéger, lui et peut-être aussi les autres. Il ne se sentait pas dangereux, ne ressentait aucune colère.
Ses mains étaient libres. Aucune sangle ne pendouillait à l’extrémité des manches. Ce n’était pas une camisole.
Tout était silencieux, moelleux, douillet, ouaté. Comme dans un rêve.
La pièce était éclairée par plusieurs néons au plafond, qui diffusait une lumière crue. Il ne semblait pas y avoir d’ombre. Tout était blanc, sans relief.
Est-ce qu’il était mort ?
Il se pinça et ressentit une légère douleur dans le bras, puis une chaleur réconfortante.
Lentement, il s’avança vers la porte, comme une bête curieuse, mais apeurée, un jeune chat prêt à détaler au moindre son.
Derrière la porte se trouvait un long couloir. Blanc. Désert.
Il s’avança, prudemment d’abord. Aucune porte ne donnait sur ce couloir. Il accéléra le pas pour atteindre un autre couloir. Long, blanc, sans porte.
Il courut jusqu’au prochain tournant, qui révéla un autre couloir. Long, blanc, sans porte.
Le rythme cardiaque de l’homme s’emballa. 120. 150. 180. Il peinait à respirer. Il s’allongea sur le sol pour ne pas tomber et ferma les yeux.
Dans ce qui ressemblait à une chambre d’hôpital, un homme en costume noir avant les yeux rivés sur un écran d’ordinateur. On y voyait un couloir blanc, avec un homme allongé sur le sol. Plutôt sa représentation informatique, son modèle 3D.
L’homme en question était allongé dans une sorte de baignoire transparente, plongé entièrement nu dans un liquide visqueux. Il était relié par des câbles à un rack de serveurs au fond de la pièce.
Le personnel s’était affolé lorsque le rythme cardiaque s’était emballé, mais tout était revenu à la normale progressivement. L’homme en blanc dormait maintenant.
L’homme au costume noir avait l’air satisfait. Il nota le résultat de son test dans le dossier devant lui. « Test OK. Passez à la phase 4. Mais ajoutez moi, un modèle 3D réaliste et d’autres personnages, bordel. Personne n’y croit là. »
Il referma le dossier. « Matrice, beta test 1 ».
Podcast
La semaine prochaine, le podcast Double Vie termine la saison 1 par une interview de Xavier Dollo et Simon Pinel. Tous deux ont créé la maison d’édition Argyll. Xavier Dollo est également auteur, publiant parfois sous le pseudo de Thomas Geha. Ils nous parleront d’écriture et de création.
Je vous invite pour patienter à écouter les anciens podcasts, dont l’interview de Maun du groupe Demago, publiée la semaine dernière.
🎧 À écouter sur la page Double Vie.
À retrouver également sur Apple Podcast.
La dose de flow
Musique
Bashung est un monument. Je pourrais vous proposer des dizaines de morceaux que j’adore, mais j’ai choisi aujourd’hui « Sur un trapèze », dans une vidéo mise en scène avec belle simplicité. Bashung, une femme, une fillette, un train. De quoi assouvir une certaine nostalgie du voyage, porté par une voix envoutante.
Inspiration
Voici une très bonne présentation TED par réalisateur Andrew Stanton sur le story telling. Andrew a réalisé John Carter, Nemo et Wall-E et également participé aux scénarii des Toy Story. Autant dire qu’il s’y connaît en narration.
Les bonnes histoires sont celles qui rendent hommage à l’intelligence de l’audience, qui laisse chacun en tirer ses conclusions. Je vous laisse regarder la courte leçon d’Andrew.
À suivre
J’ai publié mon bilan du DRomA, avec les témoignages que j’ai reçu.
Maintenant, il faut retrouver l’énergie pour attaquer le second jet de mon texte 😱
C’est une étape que je débuterai à un moment en décembre 😉
À suivre, donc.
Je vous souhaite un merveilleux week-end !
— mikl 🙏
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Photo by Ivan Vranić on Unsplash
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