Alors, comment se passe votre week-end ?
Mes activités de groupe reprennent peu à peu en 2021, toujours à distance, notamment l’atelier scénario avec Laurent Bénégui et mon fils Julien et nos séances de discussion entre auteur·rice·s.
Sur les rencontres d’écriture, chaque rendez-vous a désormais un sujet. Ceux qui ont le temps peuvent passer 15 minutes à écrire un petit texte, à lire en fin de séance, pour le plaisir. Cette semaine, le thème était « Cadeau empoisonné ».
Voici le texte que j’ai écrit pour l’occasion.
Six mois dans l’espace… Déjà. C’est dire s’il ne s’était pas ennuyé. Il y avait la mission, les études scientifiques, les rapports à rédiger. Prendre soin de la serre, s’assurer que les cultures se développaient comme elles le devaient. La nourriture spatiale apportait les nutriments vitaux, mais c’était juste une bouillie sans goût. Veiller sur ces plants, c’était s’assurer de pouvoir se faire plaisir en mangeant un fruit ou un légume de temps en temps.
Et c’était ce jour-là. Il avait retardé la première récolte pour tomber le jour de son anniversaire, un premier anniversaire dans l’espace, loin de sa famille, de ses amis. Il était en route pour Mars, il fallait s’habituer à la distance. Il s’accoutumait d’ailleurs plutôt bien.
Peut-être parce qu’il n’était pas seul. Rien de comparable à une famille cependant. Les autres membres de l’expédition — deux autres hommes, trois femmes — étaient plus des collègues que des amis.
Et puis, il était encore possible de contacter la terre en visio, car ils étaient encore relativement proches. Il y avait juste beaucoup de latence.
Son cadeau, il le tenait là dans les mains, une tomate et une grappe de raisins. Il avait fait mine de les déballer durant l’appel. Ses amis l’avaient félicité, salué chaleureusement, mais ils s’étaient aussi gentiment moqués de lui qui s’amusait il y a encore peu de la fameuse orange que ses arrière-grands-parents recevaient en cadeau à Noël.
Puis, ils s’étaient tous déconnectés. Il se retrouvait seul devant son cadeau. Il commença par mordre à pleine dent dans la tomate, aspirant bruyamment pour ne pas laisser s’écouler le précieux jus. Ému, il avait fait durer la dégustation, avant d’attaquer les raisins. Il prenait plaisir à éclater les petites boules dorées, une à une, entre ses dents. Il faisait durer le plaisir de cette liqueur sucré qui lui coulait dans la gorge.
Il avala le dernier grain, l’écran éteint du son ordinateur lui renvoyait l’image de son visage souriant et grave en même temps. Une larme roulait sur sa joue. Il déglutit pour avaler, le lent poison de la nostalgie.
Sur mon blog
J’ai partagé sur mon blog Double Vie, un petit texte sur les différentes phases de l’écriture. Il y a les moments où tout semble avancer naturellement, puis les moments où le texte semble nécessiter tellement de modifications, que l’on ne sait plus par où prendre le problème.
📚 À lire sur mon blog Double Vie: J’ai vraiment cru que tout allait être simple
La dose de flow
Musique
J’avais envie d’un morceau survolté ce week-end. J’ai choisi de vous partager le riff hypnotique que l’on découvre dès l’intro du merveilleux Heart in a cage des Strokes. Un rock à l’ancienne, pour un clip vintage.
Inspiration
Alors que nous sommes en manque de cinéma, je suis tombé sur une exploration intrigante du format pour l’adapter aux écrans verticaux (mobile et écran publicitaire par exemple).
Que deviennent les conventions et les règles de cadrage en changeant si radicalement le cadre ?
La question parait rhétorique, mais le résultat visuel reste assez différent dans la manière d’utiliser l’espace.
Damien Chazelle a réalisé un petit court métrage pour Apple illustrant ces conventions.
Certains artistes essaient aussi d’explorer ce nouveau format pour changer les techniques de narration. Je vous recommande de jeter un œil sur la page du Vertical Film Festival.
C’est vraiment intéressant de voir les codes visuels évoluer avec la technologie, pour toujours servir la narration et les histoires à raconter.
À suivre
Pour compléter mes activités de groupe, je dois encore reprendre les enregistrements du podcast. Patience, j’attends la fin de mon atelier scénario pour me libérer du temps.
La semaine dernière pour cet atelier, j’avais écrit un début de scénario, une comédie avec un tueur à gages se retrouvant à partager la villa qu’il a loué dans le sud pour préparer et commettre son crime. Suite à une erreur du propriétaire, une famille avec trois enfants débarque pour partager la location et complique les plans du tueur. J’imagine bien Lino Ventura dans ce rôle (ou peut-être Jean Réno), façon L’Emmerdeur. Et pourquoi pas un acteur plus contemporain ? Oui, bonne idée, mais je sèche. Et vous, quel acteur moderne verriez-vous pour un tel rôle de gros dur bourru, mais, au fond, profondément humain ?
Je vous souhaite un merveilleux week-end !
— mikl 🙏
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Photo by Ivan Vranić on Unsplash
Whaou !
Quelle créativité !
Merci, Céline !