Alors, comment se passe votre week-end ?
La semaine dernière, je m’essayais à une fable, une évocation d’un road movie fantasmée.
Je trouve que le road movie est un genre fascinant, universel, dans lequel l’ailleurs est liberté. On y retrouve des symboles du rêve américain, parfois la voiture, de bonne taille, et surtout les grands espaces.
Ces histoires d’errance sont traitées partout, dans la littérature (Sur la Route, Les Raisins de la colère), dans le cinéma (Thelma et Louise) et même dans la chanson (Errer Humanum Est, ou son proche cousin, On the Road Again).
Ce qui est passionnant dans ce thème, c’est ce que le road movie dit de nous.
Il parle de notre besoin d’évasion, nous rappelle que l’ailleurs sert à nous retrouver. Le road movie, c’est d’abord la quête de soi.
En littérature, dans le roman picaresque, il révèle aussi la révolte, le besoin de contester l’ordre établi.
La route, le chemin est une ligne de vie, une ligne que l’on dévore en l’avalant à 200 à l’heure. Dans cette fuite en avant dans laquelle on espère mettre de la distance avec nos souffrances, les protagonistes accélèrent vers une mort qu’ils devinent inéluctable, au prix d’une vie plus intense.
Les road movies incarnent un romantisme moderne, la passion, le fantasme réalisé, mais aussi une forme de suicide par excès de vie. Vivre intensément jusqu’à en mourir. Une forme de relativité du temps, qui s’écoulerait différemment selon la dose de vie contenue dans chaque minute.
C’est aussi le côté frustrant du road movie. Parce qu’il associe la liberté au danger, voire à la mort, il nous enseigne que les rêves et les illusions peuvent être dangereux. Le visage d’Icare souvent plane derrière ces histoires, dans laquelle la liberté est toujours un peu illégale, parfois violente, et trop souvent brule les ailes des protagonistes.
Ce que représente le road movie, c’est une manière radicale de tourner la page, de marquer un avant et un après fantasmé.
Le road movie, c’est finalement une sortie de secours pour notre esprit. C’est le signe rouge « EXIT » qui s’allume dans notre tête pour nous rappeler qu’au final nous avons une issue, d’autres chemins à emprunter pour trouver une nouvelle prairie où l’herbe sera plus verte. En dernier recours il est toujours possible de partir, de tout quitter, de tout plaquer pour une vie de liberté… même brève.
Aujourd’hui, nous rêvons de prendre la route, de bouger. Nous rêvons d’évasion dans une société repliée sur elle-même et sur le sédentarisme. L’horizon de beaucoup s’étend désormais à l’appartement et au boulot. Que reste-t-il du road movie lorsque se rebeller consiste à faire le tour du pâté de maisons en plein confinement ?
Je me suis alors demandé comment pourrait évoluer le genre, comment le road movie s’accommoderait d’un monde où le mouvement et la rencontre deviennent dangereux, suspects, comme dans la période de pandémie que nous vivons. Lorsqu’il semble ne plus y avoir d’échappatoire.
Et puis, j’ai réalisé que c’était justement l’essence du genre, sa fonction première.
L’errance y est un fantasme.
Un autre road movie, Greenbook, une traversée des États-Unis en période de ségrégation, nous rappelle que le monde n’est pas plus fermé aujourd’hui qu’hier.
Le road movie nous dit que quoi qu’il arrive, il nous reste les histoires.
Souvenez-vous, lorsque nous étions enfants, nous n’étions pas autonomes, mais nous avions les histoires pour nous échapper, nous faire rêver, voyager. Les histoires sont plus importantes que jamais, c’est pour cela qu’elles sont partout et prospèrent dans les séries et les livres.
Les histoires sont les véhicules de notre double vie, de notre vie rêvée.
La dose de flow
Musique
Aujourd’hui, je partage un morceau d’Artic Monkeys, Do I Wanna Know?, après l’avoir redécouvert au travers d’une très belle version acoustique.
Je vous laisse d’abord découvrir l’énergie du morceau original :
Inspiration
J’aime beaucoup le positionnement Kevin Finel. Il pratique l’hypnose, mais au-delà se pose surtout la question de comment apprendre à utiliser son cerveau. Nous n’avons pas le mode d’emploi de notre cerveau, personne ne nous a expliqué comment l’utiliser.
Voici une introduction à la modification des états de conscience, comme outil de maitrise de son cerveau. Il y explique, en termes simples, ce qu’est l’hypnose.
Je vous laisse découvrir pourquoi « Un artiste a avant tout pour but d’hypnotiser ».
À suivre
Notre atelier sur le scénario est terminé. Je retourne à mon techno-thriller en cours de rédaction.
L’histoire doit s’étoffer. J’ai des petites notes qui partent dans tous les sens et c’est une bonne chose.
À défaut de voyager, je vais bouger dans toute l’Europe au travers de mes personnages.
Et oui, nous revenons ici à l’importance des histoires.
Et vous ? Quelle est l’histoire, le road movie, qui va vous transporter ce week-end ?
— mikl 🙏
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Photo by Ivan Vranić on Unsplash
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