Alors, comment se passe votre week-end ?
En matière de création, la question qui revient le plus souvent est celle de la naissance des idées.
D’abord, parce qu’il a le doute, la peur de la mythique feuille blanche, la crainte de ne plus avoir d’idées, d’être sec.
Et puis, il y a cette question qui revient chez ceux qui nous lisent : « Mais où est-ce que tu trouves toutes ces idées ? »
En réalité, un auteur se pose rarement la question. Souvent même, il dit qu’il ne sait pas d’où une idée particulière lui est venue, ou bien la rattache à une influence, à un autre artiste, comme une manière d’éluder la question, d’être désolé de l’avoir trouvée.
Steve Jobs résumait cela en 2004 dans une interview pour Business Week : « La créativité consiste simplement à relier des trucs. Lorsque vous demandez aux personnes créatives comment elles ont fait quelque chose, elles se sentent un peu coupables parce qu’elles ne l’ont pas vraiment fait, elles ont juste observé des choses. »
Pourtant, dans la création artistique, il y a une forme de magie qui prend racine dans un processus bien concret.
Souvent, le point de départ pour moi est une émotion, qui grandit jusqu’à en devenir envahissante, obsédante. Elle se cristallise comme une phrase qui résonne en moi, qui concentre et amplifie l’émotion. Une belle phrase, une phrase qui vibre, simple, équilibrée, forte, de celles qui déjà invitent au voyage.
Puis, vient une écriture presque automatique, l’émotion me porte, déjà me transporte. Elle me guide, je ne sais où. Je ne suis plus là, je ne suis plus maître, je suis simplement abandonné à cette émotion.
Joie, rire, peur, colère, tristesse. Un artiste s’y livre corps et âme pour voir jusqu’où elle le mène. Comme dans un rêve, résister c’est se réveiller, abandonner la piste, laisser l’idée s’évaporer.
L’idée vient d’une émotion. Si vous avez des émotions, si vous écoutez la musique, observez les images qu’elle provoque, accueillez les mots qui s’entrechoquent, alors vous avez des idées. C’est cet abandon qu’il faut cultiver pour créer.
L’émotion est le point de départ de la création. En chemin, l’artiste en rencontre d’autres, qui enrichissent l’œuvre, la complexifient, l’abordent sous différentes facettes. Certains appellent cela la muse. Je pense que c’est plus simple que cela. C’est une capacité singulière à canaliser ses émotions.
Dans le podcast Double Vie (Saison 1 épisode 7), Fanny Ruwet disait : « Les idées, tu le les trouves pas, tu les crées. ». Oui, tu les crées en suscitant des émotions, qui mettent la machine créative en mouvement.
Entre ces idées qui émergent, il y a le cœur du travail bien sûr, la réflexion, la phase analytique, l’intention. Le travail d’enrichissement, de cohérence, de cohésion. Sans ce travail, l’œuvre tient plus du journal intime, que du roman. C’est cette phase qui donne un but, un sens, une intelligence.
Créer est aussi simple que cela : osciller entre émotion et réflexion. Aucune œuvre ne germe sans émotion, aucune œuvre ne grandit sans réflexion.
La réflexion vient parfois nous dire que l’émotion nous a guidés vers une impasse et qu’il faut la laisser filer. Elle reviendra, sous une autre forme. Notre inconscient voudra explorer une autre voie, car les chemins sur lesquels nous entraine l’émotion dépendent de notre contexte, de ce que l’on vit, voit, lit, écoute, de ce qui nous préoccupe sur le moment. C’est pour cela que l’idée qui en émerge est toujours différente, parfois surprenante.
L’idée, c’est l’émotion qui rencontre un contexte en nous, sans cesse évolutif. C’est une collision.
Pour commencer à écrire, pour faire ses premiers pas, il faut simplement capturer des émotions, encore et encore, comme autant de points de départ à de nouvelles histoires.
Podcast
Cette semaine, le podcast Double Vie accueille Sylvie Poulain. Sylvie a un parcours hors du commun. Ancienne pilote d’hélicoptère dans l’armée, elle s’est maintenant lancée dans la reliure artisanale et dans l’écriture. Elle nous parle de ses métiers successifs, de l’écriture, de ses collaborations avec d’autres auteurs et de son prochain roman.
🎧 À écouter sur la page Double Vie.
À retrouver également sur Apple Podcast.
La dose de flow
Musique
Si vous avez besoin d’énergie ce week-end, vous allez être gâtés, car Mat Bastard sur scène est réellement explosif. Mat est le leader du groupe Skip the Use, un groupe de rock français du Nord de la France.
Voici une version live de leur titre phare, Ghost, enregistré au Zénith de Lille. Boom.
Inspiration
Est-ce que vous aussi, vous avec l’impression que la nuance vous dessert, que la nuance joue contre vous ? Étienne Klein, dans son Éloge de la Nuance, vous explique pourquoi « la nuance, c’est un peu emmerdant ». « Les gens qui parlent sans nuance donnent l’impression d’avoir raison ».
Une vidéo salutaire pour ceux qui souffrent de la polarisation de la pensée aujourd’hui.
À suivre
Alors, ça avance, ce roman, me direz-vous ?
Il reste un boulot de fou, mais oui, ça avance. Prochaine étape, je dois terminer une nouvelle version étoffée de mon synopsis pour le 17 mai, et après quelques itérations, je repars pour un deuxième jet.
D’ici là, je vous souhaite un merveilleux week-end !
(Pas prolongé du tout, malgré le jour férié)
— mikl 🙏
Photo by Ivan Vranić on Unsplash
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