Alors, comment se passe votre week-end ?
Je vous parlais la semaine dernière de mon atelier avec Franck Thilliez. Je vous avoue que j’ai déjà beaucoup appris, en une seule rencontre.
Dans son atelier d’écriture sur le polar, il reprend et développe une approche qu’il avait développée dans une conférence TEDx à Valenciennes : Une idée ? Oui, mais une bonne !
Il est allé beaucoup plus loin et cela m’a permis de comprendre le fond de son message.
Dans la vidéo, Franck Thilliez explique que les bonnes idées prennent du temps à faire émerger et sont difficiles à aller chercher.Elles sont le fruit d’un long processus d’élaboration, processus à la fois conscient et inconscient.
J’ai déjà bien intégré cela. Je sais qu’une idée demande du travail. En la travaillant, il est possible de la développer, de l’approfondir, d’en faire une réflexion sophistiquée. L’idée devient alors une construction complexe de l’esprit.
Et c’est là que je me suis planté. Une bonne idée reste simple. On ne force pas la main d’une idée. On ne frappe pas une idée pour la rendre meilleure, comme on voudrait attendrir un poulpe.
Le travail ne peut pas transformer une idée en bonne idée. On n’aboutit qu’à la rendre plus complexe, et donc plus confuse.
La révélation que j’ai eue en écoutant Franck Thilliez est qu’une bonne idée reste simple sans être simpliste. Une bonne idée d’histoire s’explique aisément en quelques phrases. Elle tire sa force non de sa complexité, mais dans le changement de perspective qu’elle introduit. L’excitation autour de l’idée est facilement communicative. La simplicité qu’elle conserve et l’énergie qu’elle dégage sont la manifestation de sa qualité, du fait que c’est une bonne idée.
Ce qui est amusant, c’est que nous avons la même approche avec Franck Thilliez. Il est ingénieur informatique. Face à une bonne idée, il se heurte à des problèmes qui se résolvent comme on déboguerait un programme informatique.
Et il en est arrivé à faire émerger des critères pour juger d’une bonne idée :
- Elle est porteuse d’une promesse. La promesse est le contrat passé avec le lecteur. L’idée est décalée, riche et promet au lecteur de l’emmener dans une belle histoire passionnante.
- Elle contient du drame et de l’enjeu, perceptible rien qu’en l’énonçant.
- Elle parle de la Société, évoque des faits de société ou des évolutions scientifiques. Cela permet au lecteur de se sentir concerné, de lui permettre de se projeter, de générer de l’empathie.
- Elle est naturellement génératrice de rebondissements. Elle porte en elle une énergie qui va permettre à l’histoire d’aller à son terme sans s’essouffler.
- Elle est incarnée. La mécanique qui définit l’idée est liée à un personnage. On ne parle pas de mondes ou de concepts abstraits. L’idée prend vit au travers des protagonistes. C’est ce qui donne au lecteur l’envie de découvrir et de suivre les personnages.
Ces critères montrent une chose : lorsqu’une idée à un potentiel pour un roman, lorsqu’elle est bonne, on le sent, car elle vibre, elle explose sur toutes ces échelles de mesure, dans toutes ses dimensions.
Vu comme ça, c’est finalement simple, non ?
Podcast
Cette semaine, le podcast Double Vie accueille Auriane Velten. Auriane est l’autrice du roman de science-fiction After®, publié chez Mnemos et récompensé par le prix Utopiales 2021. Elle nous parle de son roman, de son prix, de l’écriture, de sa démarche littéraire et de sa double vie.
🎧 À écouter sur la chaine YouTube Double Vie.
À retrouver également sur Apple Podcast et le site Double Vie.
La dose de flow
Musique
Les Promesses, est l’album majeur de Debout sur le Zinc. Ce groupe français reste encore aujourd’hui peu connu, mais leur album de 2006 distille l’essence de leur style rock, inspiré de la folk Irlandaise, agrémenté d’accordéon, de violon, trompette, contrebasse, et autres instruments de fanfare.
Mon morceau favori est la version de la Pantomime 2 qui clôt cet album, avec la voix et l’oud de Dikès. Cette version ajoute des influences kabyles à ce morceau d’inspiration irlandaise.
Nous gardons tous de très beaux souvenirs de l’enregistrement de l’album des Promesses. !
La Pantomime 2 est née à Paris à l’époque où nous répétions à la goutte d’or. Elle est le fruit de la rencontre entre la Pantomime (chanson de notre premier album) et un lieu magique : le Delly’s, bar mythique, tenu par des kabyles à l’âme punk, où régnait une vraie folie.
C’est une version chaâbi teintée de folk irlandais : quatre accords, des idées qui fusent, la grande voix de Dikès (traduction en arabe égyptien par Rajaâ Bel Mahrez) et la direction artistique de Mathias Duplessy en ont fait la chanson que vous connaissez aujourd’hui !
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Le hasard des rencontres a conduit à cet enregistrement magique.
Inspiration
Je suis tombé sur cette vidéo d’Uberto Eco allant chercher un livre dans sa bibliothèque :
La vidéo est frappante, car elle donne l’impression que l’homme vit dans sa bibliothèque, au milieu de ses livres. Cette collection de 35 000 livres dans sa maison de Milan est bien réelle. Elle est d’ailleurs maintenant accessible au public à l’Université de Bologne.
On est tenté de se demander s’il a tout lu et combien de temps il faut pour lire tous ces livres.
Sa réponse est pourtant surprenante. Cette bibliothèque est un laboratoire. Elle place à sa portée des dizaines d’ouvrages qu’il peut lire selon ses envies ou ses besoins de recherche. L’écrivain Nassim Nicholas Taleb parle de ce qu’Umberto Eco appelle son « Antilibrary » :
Les livres déjà lus ont beaucoup moins de valeur que les livres jamais lus. Votre bibliothèque devrait contenir autant de ce que vous ne savez pas, en tout cas autant que vos moyens financiers, les taux hypothécaires et le marché immobilier actuellement tendu vous permettent d’y mettre. En vieillissant, vous accumulerez plus de connaissances et plus de livres, et le nombre croissant de livres non lus sur les étagères vous regardera d’un air menaçant. En effet, plus vous en savez, plus les rangées de livres que vous n’avez pas lus augmentent. Appelons cette collection de livres non lus une anti-bibliothèque.
Cette vidéo d’Umberto Eco perdu au milieu des livres est un profond symbole de sa quête de connaissance.
À suivre
Suite à l’atelier de Franck Thilliez, j’ai évalué mon idée de roman. J’aime les thèmes et les personnages que j’y développe, mais il me manque une chose. Il me manque l’idée fondatrice qui fait que l’histoire va pouvoir se laisser porter par le potentiel hautement énergétique de l’idée. Dans l’état actuel je n’ai pas encore trouvé l’énergie motrice dont j’ai besoin.
En revanche, d’autres textes, d’autres nouvelles que j’ai écrites portent déjà en elle ce potentiel explosif. Je vais donc laisser mature ce texte et passer sur un autre projet en repartant d’une nouvelle que j’ai déjà écrite et que vous avez peut-être déjà lu.
Un indice, ce n’est pas une des nouvelles que j’ai le plus développé aujourd’hui. Je n’en dis pas plus, mais peut-être avez-vous déjà votre petite idée ?
En tout cas, je me suis replongé dans cet univers cette semaine et je vais continuer à travailler dessus dans les jours qui viennent.
En attendant, je vous souhaite un merveilleux week-end !
— mikl 🙏
Photo by ÉMILE SÉGUIN 🇨🇦 on Unsplash
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