Alors, comment se passe votre week-end ?
De mon côté, voilà, c’est fait, c’est le centième flow. Cela fait près de deux ans que j’écris cette lettre chaque semaine.
Dans la presse ou dans le spectacle, une centième est un événement, un gage de longévité, une étape.
Pourtant, ici, pas de numéro double, pas de fioriture, pas de gadget. Pas même une réflexion sur le chemin parcouru depuis les débuts de cette lettre, je garde ça pour le Flow #104, celui de l’anniversaire.
Alors, de quoi vais-je vous parler aujourd’hui ?
J’anime le podcast Double Vie et ce n’est pas pour rien. Entre l’écriture et ma carrière dans le code et la programmation, j’y vois toujours des similitudes et une communauté d’esprit. Je développe ces talents comme deux lignes parallèles. J’ajouterais bien que je ressens une certaine convergence, si seulement deux lignes parallèles pouvaient se croiser.
Je pense que la programmation et l’écriture ont le même moteur, le besoin de créer. Et comme toute activité créative, les deux s’appuient sur un plan de mise en œuvre, une approche, une stratégie, et disons-le, une maitrise technique.
C’est là que la convergence est entre programmation et écriture est troublante.
Les débuts se ressemblent. Faire un petit programme est comme faire une courte nouvelle. La technique, la maitrise de l’artisanat est moins pénalisante que sur un projet de grande ampleur. Pourquoi ? Parce que nous avons tous développé une intuition des histoires, grâce aux romans, aux films et aux séries que nous consommons en masse.
En revanche, sur un projet long, un logiciel ou un roman, il faut à la fois gérer le projet, c’est-à-dire organiser l’effort de long terme, mais aussi construire une architecture qui va supporter le poids de l’ouvrage. Ce n’est pas un hasard si on parle d’architectes, aussi bien en informatique qu’en écriture. Chaque auteur se place quelque part sur le gradient entre « jardiniers » et « architectes » selon le moment du projet, selon qu’il recherche la spontanéité ou l’ordre.
Dès que le projet prend de l’ampleur, il faut ajouter au moins une petite pincée d’ordre dans le texte, le fameux côté architecte. C’est le moment où il faut mettre en œuvre de l’intentionnalité et de la technique.
Lorsque je vous parle de mes difficultés sur la construction de mon roman, c’est exactement à ce problème que je me heurte. C’est une lutte pour acquérir les principes théoriques et surtout pratiques de la construction des histoires. Et en accéléré, s’il vous plait, car je suis comme ça, toujours un peu impatient.
Si je reviens au parallèle entre l’informatique et la fiction, j’ai trouvé des repères communs. Dans les deux cas, la technique peut être formalisée en raisonnant à un niveau d’abstraction supérieur, au niveau symbolique.
En informatique, on appelle ça les design patterns. Ils ont été formalisés dans un livre fondateur : « Design Patterns: Elements of Reusable Object-Oriented Software », écrit par quatre auteurs qu’on regroupe sous le nom de Gang of Four.
Ces patrons de conception proposent « un arrangement caractéristique de modules, reconnu comme bonne pratique en réponse à un problème de conception d’un logiciel. Il décrit une solution standard, utilisable dans la conception de différents logiciels. » (Wikipedia). On raisonne en rôle et en symbole, ce qui permet d’adapter chaque modèle à son propre contexte. L’abstraction permet par exemple de comprendre qu’à cet endroit dans le code, on aura besoin d’une façade, d’un singleton ou d’un proxy.
Ces principes sont issus des bonnes pratiques, mais ils ne sont pas totalement universels. Ils dépendent de la famille de langages de programmation que l’on utilise. C’est pour cela qu’il existe plusieurs déclinaisons de ces design patterns.
Cet équivalent des design patterns existe en écriture. Le parcours du héros théorisé par Joseph Campbell, puis simplifié par Christopher Vogler est une première tentative d’analyse des grands mouvements de l’histoire au niveau symbolique.
Comme en informatique, il faut également adapter les motifs, non pas par rapport au langage utilisé, mais par rapport au genre du roman.
C’est ce qu’essaie de faire Shawn Coyne avec The Story Grid. La grille des histoires fait émerger une approche d’analyse et d’édition des histoires, en mettant en avant par exemple les scènes conventionnelles propres à chaque genre littéraire.
J’ai commencé à étudier cette approche, il y a un an et demi et je commence seulement à en comprendre le fonctionnement et les implications.
Et c’est le parallèle entre informatique et écriture qui m’a permis d’avoir le déclic.
C’est ça qui est intéressant dans la double vie. Elle nous offre la capacité de faire des ponts entre des disciplines fort différentes, pour moi entre informatique et écriture.
C’est aussi ce qui est passionnant dans le milieu de l’écriture. Les autrices et auteurs y viennent avec leurs propres histoires, leur propre motivation et leur vision du monde.
La diversité des horizons permet à chacun de créer des textes très personnels, mais qui s’inscrivent dans un langage symbolique commun, peut-être pour espérer créer des histoires universelles qui résonnent en chaque être humain.
Podcast
La semaine prochaine, le podcast Double Vie accueille Pierre Léauté, auteur de la saga des Grands, de la série « Les Temps Assassins » et du tout prochain « Retour à Malataverne ».
Pierre m’a fait l’honneur et l’amitié de me confier à un extrait de son prochain roman, pour vous en lire un extrait dans un épisode teaser de son interview Double vie : Retour à Malataverne, extrait.
Cet extrait est aussi disponible sur toutes les plateformes de podcast.
Et bien sûr, si ce n’est pas déjà fait, vous pouvez écouter le podcast de la semaine dernière avec Auriane Velten, autrice du roman After®.
🎧 À écouter sur la chaine YouTube Double Vie.
À retrouver également sur Apple Podcast et le site Double Vie.
La dose de flow
Musique
D’une certaine manière, je suis désolé (ou pas 😉) de contribuer à la hype autour du nouvel album de Stromae, mais il fait partie des artistes qui me fascinent. Talent, charisme, créativité débordante, il semble survoler le monde avec légèreté et facilité, en total contraste avec la fragilité assumée qui marque le lancement de son album.
Alors, loin des polémiques, je voulais vous partager deux anciennes vidéos de 2015.
Dans la première, il déconstruit le morceau « Formidable » dans une chambre d’hôtel aux États-Unis, puis chante ce titre seul, dans un petit bar.
La deuxième vidéo reprend son concert de 2015 en intégralité. Ce show montre qu’il est capable de mettre sur pied un spectacle sophistiqué et abouti, tout en ayant une présence sur scène simple et intense.
Inspiration
Voici une sorte de son et lumière mêlant performance d’acteurs, écrans et robots industriels. Le résultat est un spectacle d’illusion qui semble défier l’espace et semble totalement magique.
Le spectacle Box a été conçu par la société Bot & Dolly. Vous pouvez en apprendre plus sur les aspects techniques dans ce making-of :
À suivre
Ce sera pour moi un week-end d’écriture, avec pour objectif de finaliser une nouvelle. Elle développe un univers amorcé dans un précédente texte que je vous avais partagé. Cette nouvelle version sera soumise pour un appel à texte. Je n’en dis pas plus pour ne pas en révéler trop et risquer la disqualification.
Le texte se situe dans le même univers que mon projet de roman et ne me détourne donc pas de mon objectif principal.
À suivre donc, peut-être dans une prochaine anthologie ou un magazine.
Et bien sûr, mardi, je serai à nouveau avec Franck Thilliez pour la troisième séance de son atelier d’écriture.
En attendant, je vous souhaite un merveilleux week-end !
— mikl 🙏
Photo par Ricardo Gomez Angel sur Unsplash
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