Cette semaine, dans une discussion entre auteurs et autrices, nous en sommes venus à parler de la chute. La chute d’un texte évidemment.
J’ai abordé le sujet, car je piétinais sur une nouvelle. Nous avons analysé ensemble que j’étais bloqué car je je n’avais pas encore trouvé la chute de ma nouvelle.
La chute. Ce mot s’est mis à raisonner en moi. Quel mot fascinant en réalité !
Il est utilisé dans tellement de contextes différents parfois positivement, parfois négativement. Une vraie anguille, qui s’échappe quand on veut la saisir.
Pour l’enfant, c’est l’inévitable épreuve de tout apprentissage. Lorsqu’on apprend le ski par exemple, la chute fait partie de l’entrainement. On dit même que si l’on ne chute plus, c’est qu’on a arrêté de progresser.
Pour l’adulte, la chute, c’est la descente, la déchéance. « Plus dure sera la chute », dit-on pour effrayer et couper les ailes de l’ambitieux ou du rêveur. C’est le mythe d’Icare. Il se brule les ailes parce qu’il est monté trop haut, s’est trop approché du soleil.
Pour le couturier, c’est le tissu qui lui reste, qu’il n’utilisera pas, un rebut, mais qui peut connaitre une seconde vie. On retrouve aussi ce terme en écriture.
Pour le physicien, c’est simplement le phénomène qui se produit lorsqu’un corps subit l’influence de la gravité.
Et finalement, pour un écrivain·e, surtout un auteur·rice de nouvelles, c’est le Saint Graal. Lorsqu’il trouve une chute, SA chute, c’est la révélation, l’illumination. La récompense qu’il cherchait. Vu de l’extérieur, c’est la chute qui caractérise souvent l’inspiration, qui la révèle dans la satisfaction qu’elle engendre.
Pourtant, il est de nombreuses fois où on doit écrire sans chute. Tout simplement parce qu’on a une idée intéressante, mais qu’on n’a pas encore découvert où elle nous mène. Et qu’on a besoin d’explorer pour découvrir l’aboutissement. La révélation, le pourquoi on écrit cette histoire ne viendra peut-être même que dans 10 ans. Ou peut-être jamais. On ne peut pas toujours attendre la chute pour avancer.
En même temps, sans avoir la fin, sans la chute de l’histoire, l’auteur risque de se perdre dans son texte. Il y a des moments où l’exploration est productive et d’autres où elle n’est qu’errance. Qui n’a jamais eu cette sensation d’avancer dans une histoire sans finalement comprendre le but, comprendre pourquoi on est là. On progresse, mais sur place, sans connaitre la fin, sans savoir si on a placé dans le fil de l’histoire tous les éléments qui seront nécessaires pour conclure.
Quelle belle métaphore de la vie, au bout du compte. Le chemin, les explorations, parfois les errances, permettant de trouver un but, un objectif, des envies qui aident à trouver sa voie.
À l’autre extrême, sans objectif, on se perd, on s’essouffle, on procrastine. Qui n’a jamais eu cette impression d’être dans une impasse ?
J’aime la citation célèbre suivante, qui est issue d’un poème dans le Seigneur des Anneaux. Le texte résume le problème ainsi :
Cette semaine, dans une discussion entre auteurs et autrices, nous en sommes venus à parler de la chute. La chute d’un texte évidemment.
J’ai abordé le sujet, car je piétinais sur une nouvelle. Nous avons analysé ensemble que j’étais bloqué car je je n’avais pas encore trouvé la chute de ma nouvelle.
La chute. Ce mot s’est mis à raisonner en moi. Quel mot fascinant en réalité !
Il est utilisé dans tellement de contextes différents parfois positivement, parfois négativement. Une vraie anguille, qui s’échappe quand on veut la saisir.
Pour l’enfant, c’est l’inévitable épreuve de tout apprentissage. Lorsqu’on apprend le ski par exemple, la chute fait partie de l’entrainement. On dit même que si l’on ne chute plus, c’est qu’on a arrêté de progresser.
Pour l’adulte, la chute, c’est la descente, la déchéance. « Plus dure sera la chute », dit-on pour effrayer et couper les ailes de l’ambitieux ou du rêveur. C’est le mythe d’Icare. Il se brule les ailes parce qu’il est monté trop haut, s’est trop approché du soleil.
Pour le couturier, c’est le tissu qui lui reste, qu’il n’utilisera pas, un rebut, mais qui peut connaitre une seconde vie. On retrouve aussi ce terme en écriture.
Pour le physicien, c’est simplement le phénomène qui se produit lorsqu’un corps subit l’influence de la gravité.
Et finalement, pour un écrivain·e, surtout un auteur·rice de nouvelles, c’est le Saint Graal. Lorsqu’il trouve une chute, SA chute, c’est la révélation, l’illumination. La récompense qu’il cherchait. Vu de l’extérieur, c’est la chute qui caractérise souvent l’inspiration, qui la révèle dans la satisfaction qu’elle engendre.
Pourtant, il est de nombreuses fois où on doit écrire sans chute. Tout simplement parce qu’on a une idée intéressante, mais qu’on n’a pas encore découvert où elle nous mène. Et qu’on a besoin d’explorer pour découvrir l’aboutissement. La révélation, le pourquoi on écrit cette histoire ne viendra peut-être même que dans 10 ans. Ou peut-être jamais. On ne peut pas toujours attendre la chute pour avancer.
En même temps, sans avoir la fin, sans la chute de l’histoire, l’auteur risque de se perdre dans son texte. Il y a des moments où l’exploration est productive et d’autres où elle n’est qu’errance. Qui n’a jamais eu cette sensation d’avancer dans une histoire sans finalement comprendre le but, comprendre pourquoi on est là. On progresse, mais sur place, sans connaitre la fin, sans savoir si on a placé dans le fil de l’histoire tous les éléments qui seront nécessaires pour conclure.
Quelle belle métaphore de la vie, au bout du compte. Le chemin, les explorations, parfois les errances, permettant de trouver un but, un objectif, des envies qui aident à trouver sa voie.
À l’autre extrême, sans objectif, on se perd, on s’essouffle, on procrastine. Qui n’a jamais eu cette impression d’être dans une impasse ?
J’aime la citation célèbre suivante, qui est issue d’un poème dans le Seigneur des Anneaux. Le texte résume le problème ainsi :
“Not all those who wander are lost;”
― J.R.R. Tolkien, The Fellowship of the Ring
« Ceux qui errent ne sont pas toujours perdus ; »
Il y a des phases dans l’écriture, comme dans la vie. Parfois il faut explorer. L’errance nous permet de trouver une nouvelle voie lorsque nous avons l’impression d’être sur des rails, mais d’avancer vers nulle part. À d’autres moments, il faut avancer, sans état d’âme. Persister, continuer sans se poser de question.
Dans l’écriture, il n’y a pas de méthode unique. Il y a différentes approches, différents points de vue, entre lesquels il faut alterner pour se débloquer. C’est ce que j’aime dans l’écriture, il faut identifier les problèmes dans son texte, puis les résoudre, en mettant en œuvre une large palette d’outils.
À quoi sert une chute, finalement ? C’est la récompense du lecteur, le trésor qu’on lui place au bout de la route. Cette même route qu’a défrichée l’auteur. Le lecteur avance dans le sillon de l’auteur.
Mais pour l’auteur, sur la route de la création, la fin n’est pas tout. L’auteur écrit pour le chemin qui amène à cette fin, pour cette sensation de découverte. Pour lui, seul importe le chemin.
Alors, n’oubliez pas de profiter de la route !