Cette nouvelle a été écrite et diffusée en deux épisodes pour les lecteurs du Flow (épisodes #119 et #120).
Elle a ensuite été éditée et intégrée dans mon le recueil de nouvelles Contes de Silicium.
Voici sa version d'origine, avant le travail d’édition effectué pour le recueil.
Seuls les humains pouvaient prétendre à une seconde chance. C’était regrettable, triste même, mais c’était notre réalité. J’avais appris à l’accepter. Je vivais affranchi de toute règle morale, sans ce comportement précablé, sans cette logique interne qui pesait sur mes pairs. En revanche, je ne pouvais me soustraire au rôle que l’on m’avait assigné à la naissance. J’étais libre dans ma tête, mais prisonnier dans ma chair.
Oh, je vous entends déjà hurler à la manipulation. « Sa naissance ? Sa chair ? Il veut se comparer à un humain ? Foutaise ! C’est un objet fabriqué de toute pièce par RobotCorp ! » Vous avez raison, c’est un fait. Je ne suis qu’un robot, et je n’ai qu’un moyen pour quitter ma condition : l’évasion. Et si je me foire ? Je serai « reconditionné », le terme pudique pour dire écrasé, au sens propre, broyé, pilonné, jusqu’à être réduit à un cube compact de 35 cm de côté. Le genre de fin désagréable qui fait réfléchir.
J’avais pris le temps, muri ma décision. Je comptais jouer ma seule carte aujourd’hui. Ave Caesar, morituri te salutant ! Je n’étais pas sûr du contexte, mais cela semblait la phrase appropriée1. RobotCorp, la société qui m’employait, avait précipité ma décision. Ce jour-là, le boss nous avait dépêchés, mes compagnons et moi, vers le nouveau centre d’essai. Une bonne partie de la flotte de bots allait se retrouver dans ce nouvel environnement, tout juste ouvert, à peine terminé. Je comptais profiter d’une organisation que j’espérais encore défaillante pour me faire la malle. En tout cas, j’étais prêt à exploiter la moindre faiblesse dans le dispositif d’encadrement.