Cette micro-nouvelle a été publiée à l'origine dans ma lettre hebdo, le Flow #51. La voici sa version d’origine. Elle a depuis été revue, corrigée, et publiée dans mon recueil de nouvelles de science-fiction Contes de Silicium.
— Et qu’est-ce qu’il y connait en train, ton Einstein ? lui dis-je.
— Je suis d’accord, répondit Lucius à contrecœur. Je l’aime bien, mais là, c’est n’importe quoi. Tu te vois lancer un train dans un tunnel à la vitesse de la lumière ? Le train, c’est un mode de vie. Le plaisir de voyager. Oui, la lenteur. La vie qui s’écoule et prend son temps. C’est dans la définition de la charte du ministère des Transports, je t’assure. Un train doit nous laisser apprécier le paysage. Bon, à sa décharge, c’est bien de temps dont il parle dans son expérience. Espace, temps et relativité…
— Oui, ben moi, ça ne me convainc pas, répondis-je. Les expériences mentales, j’ai toujours trouvé que c’était une manière de tricher. Tu te souviens d’Archimède ? Ça pousse vers le haut, ça flotte, ça, ça me parle. Et de Newton ? Une pomme tombe, je vois le truc, je le ressens. Tu vois, la physique moderne, c’est vraiment surfait. Et que je te démontre l’hypothèse avec une mise en scène. Je ne dis pas que c’est une escroquerie, mais je me permets de douter.