Tout commence par un souvenir. Cela paraît si vrai et si paradoxal. L’œuf ou la poule, la vie ou son souvenir ?
Des images, des sensations nous reviennent. Une forme s’esquisse alors. Un début de texte se forme. Indistinct d’abord, il faut faire un effort, plisser les yeux, sentir qu’une chose est là, tapie dans le noir, tirer le fil, apprivoiser l’animal pour qu’il sorte de sa cachette.
« Il/Elle se souvenait ». Un moment que j’aime. Une formulation classique dans les textes, un lien entre l’histoire que vit un personnage, son contexte, mais aussi son passé. Ce n’est pas un flashback pourtant, pas vraiment. La fonction du flashback est surtout d’apporter des informations sur ce qui s’est passé avant que l’histoire ne débute. Il a avant tout une fonction narrative. « Je me souviens » est différent, il fait résonner une tonalité nostalgique. C’est un souvenir qui invoque une émotion que le personnage va revivre.
Souvenir, émotion, c’est le cœur même de la littérature. Partager l’émotion de l’autrice, de l’auteur, pour la connecter aux souvenirs du lecteur. Un être sans souvenir peut-il apprécier une œuvre ?