La Plaie - Épisode 2 – Le Flow #149

Où je vous livre « Apolline se planque », le deuxième épisode de la Plaie et vous parle de Reckless Love.


Newsletter   •   04 février 2023

Hello les amies,

Merci pour vos retours la semaine dernière, je crois que j’ai réussi à vous accrocher avec un premier épisode intriguant.

Jusqu’ici tout va bien, je tiens le rythme, avec un deuxième épisode conséquent.

Si vous n’avez pas encore lu le premier épisode, vous pouvez le retrouver ici : La Plaie - Épisode 1 – Le Flow #148

Bonne lecture !


La Plaie - Épisode 2

Apolline se planque

Paris, Jour J - 2 ans et demi (à peu de choses près, ce sont des faits qu’on m’a rapporté, alors, ça fera l’affaire, ne chipotez pas !)

Alix Klineman avait une gueule de bois, comme il n’en aurait peut-être plus jamais. Ce n’est pas tous les jours qu’on fête ses vingt ans ! Encéphalogramme plat, activité cérébrale nulle. Son crâne menaçait d’exploser, son foie peinait à éponger les cocktails trop sucrés – et il fallait l’admettre un peu dégueulasse – qu’il avait ingérés toute la nuit. Sex on the Beach, tu parles d’une publicité mensongère, on te vend du rêve, et ça n’assure pas derrière ! Pourtant, ils avaient tenté de la rejoindre, cette plage, la plus proche. Ils avaient fini la soirée face à la pointe de l’île de la Cité, hilares, vautrés sur un des tas de sable déversés chaque année à Paris sur les bords de Seine. Ils s’y étaient endormis. Par quel miracle se réveillait-il dans son lit ? Mystère.

L’écran de son téléphone au pied du lit indiquait à peine 10 h. Alix sortit prudemment un pied de son drap, puis se ravisa en se souvenant que c’était dimanche. Il pouvait se rendormir, si la nausée le laissait en paix. Il tenta d’ignorer sa bouche pâteuse et la soif qui faisait de sa langue un papier de verre râpeux. Il ferma les yeux, le test ultime. La pièce ne tournait plus autour de lui. Il était clean, stable, immobilisé par l’étau de la déshydratation qui lui enserrait le crâne. Il calma sa respiration pour repartir dans un cycle de sommeil.

Alors que son corps se relâchait, le bruit agaçant d’un moteur électrique le détourna de ses bonnes résolutions. Aigu, crispant comme un moustique tournant autour de ses oreilles. Il se redressa sur son lit et rouvrit les yeux. De l’autre côté de la pièce, un monstre difforme agitait lentement ses tentacules mécaniques. Le robot en carton-pâte s’agitait dans un coin, au milieu de toiles, de chevalets, de peintures, de fer à souder et de composants électroniques en tout genre. La machine qui s’agitait était une de ses dernières œuvres, une installation destinée à un squat d’artistes dans le XVIIIe. La bête difforme était librement inspirée du bestiaire de Lovecraft, comme si Cthulhu l’ancien avait eu des rejetons avec l’alien d’HR Giger. Le moteur s’arrêta et les yeux du monstre mécanique se mirent à clignoter. RIP, sa grasse mat’. ChtAlien avait parlé, un nouveau message l’attendait sur le canal d’urgence. Le robot stoppa son mouvement dans une posture menaçante.

Alix se leva. Trop vite. L’équilibre lui fit défaut, rien qu’un instant. Il retomba lourdement assis sur son lit. Il ne pourrait rien faire sans un puissant cocktail, citrate de bétaïne, aspirine et caféine, ass on the gogue, l’antidote au lendemain de cuite. Il tira le rideau qui séparait son lit du coin salon pour rejoindre la salle de bain et s’arrêta net. La vision d’une tête de mort lui plissa les yeux. Un squelette le fixait, sourcils plissés, le trooper d’Iron Maiden sur le TShirt de Maxime, un de leurs groupes favoris. Son pote était là, allongé sur le canapé. Perturbé par la présence d'Alix, Maxime se retourna en grognant, sans se réveiller. Au pied du canapé, une bassine était posée en évidence, comme pour assurer la sécurité de la moquette défraîchie. Alix s’avance en retenant sa respiration, ouf, le récipient était vide. Son estomac fragile n’aurait pu supporter un haut-le-cœur.

Le robot reprit sa danse funèbre. C’est bon, j’arrive. Alix se hâta de préparer un café, déversant les restes du paquet d’arabica dans le filtre en papier, avant de ramener le contenu de son armoire à pharmacie pour le diluer dans un grand verre d’eau. Il fit une grimace en l’avalant cul sec.

Le bruit de succion de la cafetière emplit la pièce, lui indiquant que le breuvage était prêt. Maxime ne réagit toujours pas, il dormait d’un sommeil profond et s’était mis à ronfler en réponse au chant de la cafetière. Alix laissa le bienheureux cuver. L’odeur suave du café chaud emplit la pièce. Alix s’en versa une large tasse et embarqua le pot complet avec lui. Il s’installa enfin devant son ordinateur portable, posé sur la vieille table en formica familiale, une relique rare et prisée aujourd’hui.

Un message urgent était arrivé dans sa boîte de réception, sur le forum de hacking. Il saisit son pseudo pour se logguer. Keyxorcist. C’était un vieux nom, choisi à l’adolescence, qu’il n’utilisait plus désormais. Il en avait un peu honte, il faudrait qu’il le change un jour. C’était pourtant son titre de noblesse, acquis dans sa maîtrise intuitive du débogage. On appelait Alix lorsque les systèmes fonctionnaient de manière inattendue. Comme un magicien noir, il exorcisait les programmes, traquait tout ce qui paraissait cassé dans les systèmes informatiques, fondait comme un faucon, avec une intuition sans pareil, sur la ligne de code qui déconnait.

Alix sélectionna le seul message non lu d’un clic. Le texte s’afficha en plein écran. Il provenait de DCEption. Un de ses héros. Il ne l’avait jamais contacté. C’était toujours Alix, qui lui écrivait pour lui demander des astuces. Pourquoi utilisait-il le canal d’urgence ? Alix décrypta le message avec sa clé privée.

Alors qu’ils avaient toujours échangé en anglais, le message était cette fois en français.

> Je quitte B. pour m’installer à Paris. J’ai besoin de ton aide. Possible de me procurer une identité complète ? La totale, nouveau nom, passeport, histoire crédible et traces dans les systèmes français qui valident mon existence. Je peux payer un service premium.

B signifiait Berlin dans ce cas précis. Service premium, ça voulait dire plusieurs dizaines de milliers d’euros, dont une brique pour Alix. Et l’opportunité de bosser avec lui à Paris. Le type d’occasion qui ne se refuse pas.

Alix répondit immédiatement.

> Je m’en occupe --  Keyx

Alix allait éteindre son ordinateur, mais la réponse tomba immédiatement. Son correspondant était derrière sa machine.

> Un dossier pour une femme, la quarantaine ?

Bordel, DCEption ! Alix allait devoir retrouver ses marques. Il masqua sa surprise d’une réponse succincte.

> OK.

> Traitement accéléré ? Je paie le bonus.

> Pour quand ?

> La semaine prochaine.

> Semaine prochaine ? T’es malade ou quoi ?

> Je croyais que t’étais plus fort que ça, Keyx.

> Ça va, mes parents ont arrêté de me faire ce coup-là quand j’avais six ans. Même pas cap, ça ne marche plus.

Alix ajouta après un instant de réflexion.

> Je vais voir ce que je peux faire.

En pressant la touche « Entrée », il prit conscience de s’être encore fait avoir. Et merde !


Pour finaliser les papiers, Alix s’était endetté auprès d’individus peu fréquentables. Pas en argent, DCEption avait tout réglé, mais il avait dû promettre un retour d’ascenseur à ses contacts à Paris pour obtenir le « dossier » en urgence. Cela en valait la peine, l’opération lui rapportait suffisamment pour tenir un an de plus, avant de trouver un boulot.

Il avait inventé un nom, chatté avec DCEption pour lui créer un passé crédible qui lui permette d'obtenir un job. Ils s’étaient mis d’accord pour en faire une universitaire. Il avait falsifié un diplôme et ajouté son nom dans la liste des anciens de Normal Sup.

DCEption lui avait envoyé une photo, Alix avait eu du mal à formuler une impression. C’était certainement l’objectif. La photo avait quelques années, prise sur un fond blanc, avec un flash trop écrasant. La fille était brune, avec une coupe courte au-dessus d’un visage rond. Sur la photo d’identité, elle ne souriait pas, semblant le toiser d’un regard sévère de ses yeux noirs.

DCEption l’avait taquiné en envoyant son portrait.

> Alors, trompé sur la marchandise ?

Alix s’était senti bête, il n’avait su quoi répliquer, flairant la question piège. Elle l’avait immédiatement recadré.

> T’avise pas à me saouler, me draguer, ou fantasmer je ne sais quoi. Je connais tes perversions. J’ai suffisamment de mouchards chez toi. Ne t’amuse pas à ça !

Alix avait ri jaune, puis s’était rassuré en se disant qu’elle bluffait certainement.


C’était un jour sans soleil, un jour de grisaille comme Paris pouvait vous en réserver. Tout devenait alors insipide, le relief des immeubles haussmanniens disparaissait, l’univers semblait plat et morne comme un jour de pluie. Le brouillard ne s’était pas encore levé, et il pleuvait, justement, d’un crachin qui s’insinue partout, dont on ne sait plus s’il tombe vraiment du ciel ou se génère spontanément dans l’air ambiant, comme dans un hammam glacé.

En arrivant sur le parvis de la gare de l’Est, Alix rajusta la capuche qui recouvrait son crâne, et remonta la fermeture éclair de son blouson imperméable. Il était encore tôt, le bruit de ses pas sur l’esplanade déserte était étouffé par l’humidité ambiante. Une image lui vint à l’esprit, celle d’un homme s’avançant à l’aube sur le pont des espions, prêts à échanger de précieux contacts trop au fait des secrets gouvernementaux. Cette image faisait écho à l’image qu’il avait projetée sur DCEption. Qui était cette femme ? Que fuyait-elle en Allemagne ? Que venait-elle faire à Paris ?

Alix retira sa capuche une fois dans la gare. En approchant des quais, le vent qui traversait la gare de l’Est de part en part le fit frissonner. Il regarda autour de lui, tentant de repérer un homme, ou une femme, qui aurait pu le suivre. Les passants paraissaient pressés d’attraper leur train de banlieue ou leur TGV vers une grande ville de l’Est. À quoi s’attendait-il ? Un type posté dans un coin de la gare en train de lire le Frankfurter Allgemeine Zeitung en l’observant du coin de l’œil ? Le ridicule de l’image lui permit de se détendre.

Le Moscou Express était annoncé sur le quai 9. La ligne couvrait 3000 kilomètres, 39 h de voyage au total. DCEption avait confirmé qu’elle avait bien embarqué à Berlin, 10 h plus tôt. Alix remonta le flux des voyageurs qui se déversait au travers de la gare. Ils marchaient vite, connaissaient leur chemin. Il était le seul à patienter, DCEption s’avança vers lui sans hésiter.

La femme portait une tenue confortable, adaptée à une nuit dans le train, un large sweat qui camouflait ses formes. Elle voyageait léger, portant juste un sac à dos de randonnée comme une étudiante en vacances. Alix s’en inquiéta.

— Tu n’as pas d’autres bagages ?

— Discrétion, discrétion, mon ami. J’ai l’air de venir passer le week-end ici, non ?

— Oui.

— Pas de contrôle ?

— Non. Tous les contrôles sont faits avant Berlin. Personne ne sait que je suis à Paris.

— Alors, c’est parfait.

Elle s’immobilisa au milieu de la gare, regardant autour d’elle, attendant surtout qu’Alix prenne la direction des opérations. Un silence pesant s’installa et dura avant qu’Alix s’en aperçoive.

— Ah, oui. On va se poser, je te propose de prendre un café. Je vais te remettre les documents, au calme.

Ils sortirent tous deux de la gare pour s’installer à la brasserie qui faisait l’angle en face, anonyme à souhait. Touristes en transit et choucroute à toute heure. Tout un programme. La femme commanda un simple expresso et un croissant – j’en mourrais d’envie – Alix opta un double expresso pour se remettre d’un réveil trop matinal. Une fois le serveur disparu, il entra dans le vif du sujet en sortant une pochette cartonnée de son blouson.

— Tout est là, permis de conduire, diplômes, carte de bibliothèque, de don du sang. J’ai même ajouté une carte de fidélité d’un caviste de mon quartier. Tu as déjà pas mal de points. Je t’ai pris un téléphone avec une nouvelle carte SIM. Tu ne peux plus utiliser le tien.

Elle acquiesça. Il sortit un petit document marron de la pochette et lui tendit.

— Et évidemment, le passeport. Français, ajouta-t-il.

Il avait tenu à lui laisser la surprise du nom qu’il avait choisi pour elle. Elle l’ouvrit et esquissa son premier sourire depuis son arrivée. Elle se détendit comme si elle commençait à croire, enfin, à la nouvelle vie qu’elle s’était offerte.

Alix était fier de son choix. DCEption parlait un français fluide, mais avec un léger accent qui lui donnait un charme particulier. Le nom était parfait pour elle, d’origine allemande, comme elle, mais avec consonance française.

— Apolline Planck ? Bien joué. Comment tu savais que j’étais fan du physicien⁠1 ?

— Je ne savais pas, Apolline – Alix prit plaisir à appuyer sur son nouveau prénom. La mécanique quantique, c’est ton truc, non ? Et puis, tu viens de Berlin, j’ai cherché un nom relativement passe-partout, mais qui te relie à ton pays. Et j’avoue que je me suis amusé avec le jeu de mots. Planck, planquée. Ça correspond, et ça claque, non ?

DCeption, maintenant Apolline lui sourit. Oui, ça claque. Et c’était parfait pour sa nouvelle carrière.


Apolline faisait l’inventaire de ses documents en silence. Alix attendit qu’elle ait terminé avant d’oser lui poser la question qui lui brûlait les lèvres. Il regretta la façon trop directe dont les mots se bousculèrent dans sa bouche.

— Pourquoi tu refais ta vie ici, Apolline ? Qu’est-ce que tu fuis ? La famille ? Un mari violent ? La police ?

Alix la dévisageait. Elle plongea les yeux un moment dans sa tasse, hésita, puis trancha.

— Si on te demande…

Il se rembrunit et détourna lui aussi le regard.

— Ouais, j’ai compris, je dirais que je n’en sais rien.

— C’est ça. Je préfère que tu en saches le moins possible, sur moi, sur ma vie, sur la cohorte de démons que j’ai laissée derrière moi. Moins tu en sais, moins tu pourras en dire. Si jamais on te torture pour te faire cracher le morceau, vu comment t’es gaulé, je ne suis pas sûr que tu tiennes bien longtemps.

Devant la mine renfrognée d’Alix, elle éclata de rire.

La conversation s’étira. Alix lui posa des questions sur la scène du hacking à Berlin. L’Allemagne, c’était un peu le cœur du mouvement. Le Chaos Computer Club, c’était la face visible, mais il y avait plein d’autres groupes ultra-actifs. Le plus souvent c’était des anarchistes, qui trouvaient sur Internet un espace de liberté qui avait disparu dans la société civile. C’étaient des militants, pas des mercenaires. Ils n’étaient pas de ceux capables d’attaquer les systèmes d’un hôpital pour obtenir une rançon. Internet était à eux, à tous, ils voulaient retourner le réseau contre ceux qui voulait le privatiser. Apolline lui raconta anecdotes et hauts faits dont elle pouvait se targuer là-bas. De temps en temps, Alix s’en émerveillait.

— Le blocage de la bourse de Frankfort, c’était toi ?

— C’était mon groupe, oui.

Ils reprirent un café, puis après une discussion animée, la conversation s’essouffla, la fatigue peut-être.

Ils sortirent de la brasserie. La bruine avait cessé de mouiller, l’air était moins humide, presque agréable. Alix ne put se résoudre à la laisser partir, il savait que s’ils se quittaient maintenant, il ne la reverrait jamais. Apolline était absorbée par l’écran du téléphone qu’il lui avait remis. Elle avait ouvert l’application de cartographie et tentait de se repérer.

— Tu as le temps de marcher un peu ? Je te montre le quartier ?

— Pourquoi pas.

Ils déambulèrent dans les rues, sans réel but. Alix décrivait chaque bâtiment marquant, l’église Saint-Laurent, la mairie, tout en continuant de bombarder Apolline de questions. Elle n’en posait jamais sur lui en retour.

— J’imagine que tu n’as pas d’enfant ?

— Non. Tu dis ça parce que je suis deux fois plus vieille que toi ?

— Non. Enfin, si au début, je croyais DCEption plus jeune. Apolline, elle, a l’âge qu’elle doit avoir, celui qui figure sur son passeport.

— Et tu pensais que j’étais un homme, je parie ?

— Oui.

DCEption, c’est le principe, la tromperie. C’est le moteur du réseau. Sur Internet, personne ne sait que tu es un chien.

— Quoi ?

— Rien, laisse tomber, c’est un vieux mème des années 1990⁠2. La tromperie entraîne parfois la déception. Alors, déçu ?

Alix s’arrêta et prit un moment pour considérer la demande. En tentant de répondre à cette question qu’il n’avait pas envisagée, son regard changea de profondeur, se perdit dans le vide comme s’il la jaugeait désormais de sa vision d’ensemble, son esprit ouvert à toutes les options. Il la toisa longuement afin de savoir s’il la considérait désormais comme une possibilité. Apolline perçut le changement de posture et le rabroua.

— N’y pense même pas, le jeunot.

La confusion s’empara des commandes, Alix piqua un fard et bafouilla en tentant de se justifier, avant de rendre les armes.

— Pour répondre à ta question, non, je ne suis pas déçu.

Ils continuèrent à marcher. Presque malgré lui, les pas d’Alix le guidèrent vers son studio dans le XIe arrondissement. En dépit du malaise qui s’était installé entre eux un peu plus tôt, il lui proposa de l’aider.

— On est pas loin de chez moi. Tu sais où crécher ? Tu peux venir, déposer ton sac. Même dormir quelques jours. Sans ambiguïté, juste pour te dépanner.

Elle lui jeta un regard noir

— T’es lourd, Alix, qu’est-ce que t’as pas compris ?

— Rien Apo, j’ai bien compris. J’ai un canapé. Et je sais être subtil et discret, c’est mon deuxième prénom.


Alix ouvrit la porte de son appartement. Ils avaient déjà passé plusieurs jours avec Maxime dormant sur le canapé, sans se marcher dessus, la cohabitation devrait bien se passer. Alix remarqua la bassine vidéo qu’avait utilisée son pote quelques jours plus tôt. Il se précipita pour la ramasser et la ranger sous l’évier. Apolline posa son sac à dos près de la porte et fit quelques pas dans la pièce. Elle fut directement attirée par son matériel électronique, éparpillé sur son bureau, entre son ordinateur portable et les toiles et la peinture.

— Je suis artiste, précisa-t-il. J’utilise l’informatique dans mes installations artistiques. Je les anime, j’ajoute des gadgets pour faire réfléchir sur notre relation à la technologie. Pas encore une star, mais je bosse beaucoup. Je progresse.

En voyant le portable, elle lui précisa qu’elle allait avoir besoin de matériel informatique, des trucs sérieux, qui dépotent, avec des cartes graphiques, des grosses, si possible plusieurs. Alix entendit le sous-entendu, pas comme ta bécane d’amateur. Elle effleura le disque dur externe posé sur le bureau et sourit. Comme pour préciser sa demande, elle se rapprocha de son sac à dos et l’ouvrit pour en montrer le contenu. Il y avait quelques vêtements bien sûr, mais Apolline désigna précisément les disques durs qu’elle transportait, des monstres, contenant des téra-octets de données.

— C’est fou, hein ? Tout ce que je possède, tout ce qui a de la valeur pour moi, tient sur ces disques durs. Je pourrais tous les ranger dans une boîte à chaussure. Ils sont cryptés, bien sûr, ne t’amuse pas à jouer avec. Je vais avoir besoin de capacité de calcul pour exploiter tout ça. Tu peux me trouver du bon matos ?

À suivre…


1 Max Planck
2 Un dessin de Peter Steiner publié dans le New Yorker en 1993 est devenu célèbre. Il montre deux chiens devant un ordinateur. L’un d’eux est en train de taper au clavier et se justifie auprès de l’autre : « Sur Internet, personne ne sait que tu es un chien. » C’est un symbole de la liberté et de l’anonymat d’Internet.


Podcast

Sylvie Poulain est autrice de science-fiction et de fantasy. Nous la connaissions déjà pour son travail de nouvelliste en collaboration avec Pierre Pevel, dans l’univers du Paris des Merveilles, et avec Benjamin Lupu, dans l’univers des mystères de Kioshe. Elle revient dans le podcast pour nous parler de « Ce qui naît des abysses », son premier roman, qu’elle publie le 1er février 2023 aux éditions Bragelonne. Il s’agit du tome 1 de Confluence, un diptyque de science-fiction qui se déroule dans les fonds marins.

Bonne écoute !

Sylvie Poulain : « On cherche souvent les aliens dans l’espace, mais en fait ils sont là, sous la surface de l’océan. »

🎧 À écouter sur la chaîne YouTube Double Vie.

À retrouver également sur Apple Podcast, Spotify et le site Double Vie.

La dose de flow

Musique

Voici Monster, un morceau épique découvert dans un épisode de la série HBO Peacemaker. C’est un titre du groupe de Glam rock finlandais Reckless Love. Ça donne la pêche, et je vous préviens, vous aurez du mal à vous sortir de la tête le refrain. Monster!

Monster – Reckless Love

À suivre

J’espère que ce deuxième épisode vous a plu. La suite arrivera, si tout va bien, la semaine prochaine.

Et décidément, je suis plongé dans l’écriture en ce moment, puisque je finalise le dossier pour une résidence d’écriture sur le thème de l’exploration spatiale, Amazonies Spatiales. 🤞 Je croise les doigts.

Je vous souhaite un merveilleux week-end !

— mikl 🙏