Hello les amies,
J’en arrive à l’épisode 5 de la Plaie, et je vous avoue que c’est celui que j’attendais avec le plus d’impatience. Je vous présente un nouveau personnage, Hector Mahi.
Pour rattraper votre lecture, voici les liens vers les épisodes précédents :
- La Plaie - Épisode 1 – Le Flow #148
- La Plaie - Épisode 2 – Le Flow #149
- La Plaie - Épisode 3 – Le Flow #150
- La Plaie - Épisode 4 – Le Flow #151
Bonne lecture !
La Plaie - Épisode 5
Paris est une fête
Paris, Jour J - 2 ans
Comme celle de ses congénères, la vie d’Hector n’avait longtemps tenu qu’à un fil. Rien n’était pourtant écrit, rien ne laissait penser que ce fragile équilibre serait rompu dans le sang. Dans la fureur et la violence, il n’y avait pas d’autres mots. Comme un écho des morts qui l’avaient façonné, comme le rire tonitruant de son frère qu’il entend encore parfois résonner, la violence du choc s’était réverbérée sur les murs de son existence étriquée, avait traversé son enveloppe charnelle pour se loger dans le recoin le plus sombre de son esprit. Hector vivrait avec, comme un éclat d’obus trop mal placé pour être extrait de son crâne.
Avec le recul, le temps apaise la douleur, c’est une loi immuable. Restent alors les obsédantes questions qui se cristallisent en un seul mot, pourquoi. Pourquoi Hector avait-il émergé du drame en héros ? Pourquoi lui ?
Lorsqu’on reprend le cours de l’histoire, lorsqu’on cherche à donner un sens à tout ça comme je le fais, la trahison n’est jamais loin. C’est le propre de notre cerveau, il aime la cohérence, il veut tracer une ligne dans le temps qui rassure, voir dans le passé les signes de ce qui devait advenir.
La réalité est plus crue, plus bordélique.
Un matin Hector s’était réveillé avec une sale tronche, la tête du gars qui n’a pas dormi, la gueule ravagée d’un pauvre type, un flic paumé de la BAC. À Paris, c’était la BAC 75N, Brigade Anti-Criminalité, N pour nuit, un nom de groupe qui claque comme une cape de super-héros. Des gros bras qui luttent contre le crime, les forçats du bas de l’échelle, ceux qui se tapent les nuits, les patrouilles dans des voitures crados, et se coltinent la brutalité des rues.
Avant que sa vie ne bascule, Hector n’avait rien d’héroïque, avant cette blessure qui ne voulait plus guérir, avant les cauchemars, de ceux qui vous hantent éveillés, avant d’être devenu en un soir un symbole, la figure même du courage. Une mécanique implacable s’était mise en mouvement. Il luisait d’une aura qui rayonnait malgré lui, qui n’était pas lui, telle une substance superficielle dont on lui aurait enduit le corps. Il était fatigué de cette question qui tournait dans sa tête. Pourquoi lui ? Jamais il ne pourrait accepter les honneurs qui lui seraient faits, plus tard. Lui, le pauvre type qui s’était retrouvé là par hasard.
Ne vous méprenez pas, je ne juge pas Hector. « Pauvre type », ce n’est pas moi qui le dis, même pas lui. En revanche, Dîna, sa femme, n’avait pas maché ses mots ce matin-là.
— Tu fais chier, Hector. Des mois qu’on a prévu cette soirée. Ça passe parce que c’est ma famille ? Je leur dis quoi, moi ? Hein ? Qu’on n’est pas dispo finalement ? Pauvre type ! Va te faire voir, j’irai toute seule, je sourirai bêtement, et je leur dirai que tu es un con !
En réalité ? Hector allait manquer un barbecue mémorable. La température était exceptionnelle, 20 degrés en novembre. Pendant qu’elle l’engueulait, il eut une brève vision des bières qu’il aurait pu siffler avec les frères de Dîna, en regardant le mouton tourner sur la broche. Penser aux pâtisseries imbibées de miel de sa belle-mère le fit saliver. Quoi que Dîna en dise, il aimait bien les fêtes chez sa famille. Il renonçait à contrecœur, même si son cholestérol lui en serait reconnaissant.
Dîna énervée, Hector avait encaissé sans broncher. Le boulot l’avait avalé tout rond ces derniers temps. C’était une sensation étrange. Une longue descente aux enfers dans un tunnel rugueux, abrasif. Il se retrouvait comme enfermé dans une poche gastrique, sombre et acide, dont il ne voyait pas la sortie. L’enfer doit être un estomac. Le sien lui mène la vie dure. Son aigreur le rongeait, tandis que tout s’écroulait au boulot. Les remplacements avaient été légion. Le hasard, disait le commissaire, un collègue hospitalisé pour une occlusion, un autre dont la femme avait accouché en avance. Tu parles ! Ils payaient tous le prix des sous-effectifs. Et des systèmes digestifs fragiles.
Il acceptait pourtant volontiers le qualificatif. Le « pauvre type », c’est toujours le gars qui cherche à être sympa. Et lui, il avait toujours été un collègue sur lequel on pouvait compter. Une bonne poire, encore, une fois de trop. André avait des places pour le match ce soir-là. Un match de gala, sans importance, que tous sauf André allaient sûrement oublier, mais un match de l’équipe nationale au Stade de France, France-Allemagne, dans une loge proche du terrain. Il comprenait André, c’était une occasion en or.
Le « pauvre type » avait donc remplacé le collègue au pied levé. Il avait pris son service à 17 h, avec son partenaire de toujours, Vitale Dante, dans la voiture blanche de la BAC. Une voiture banalisée, comme on dit. Dans les faits, les petits trafiquants les repéraient de loin, ces deux gars costauds avec des bombers, dans une voiture trop petite pour eux. Ils sentaient la flicaille à 500 mètres. Qu’importe, leur présence était souvent dissuasive.
Vitale et Hector, un duo de partenaires qu’ont collait souvent ensemble. Pour leurs prénoms hors du commun peut-être, à quoi ça tient. Vitale et Hector, un duo qui sonnait pour leurs collègues comme des Starsky et Hutch franchouillards, aux physiques si différents. Vitale avait une carrure de rugbyman, on avait peine à croire qu’il rentrait dans la voiture. Il devait se courber pour ne pas toucher le plafond. Hector était plus petit, agile, sa manière de parler directe, presque autoritaire. Sa hargne inspirait le respect et la méfiance pendant les interpellations. L’ombre gigantesque de Vitale n’était jamais loin et calmait les ardeurs des plus téméraires.
Hector était content de faire équipe avec Vitale Dante, c’était un gars bien. Il avait senti ce soir-là que son collègue se sentait mal. Hector ne s’épanchait pas, mais quand il ruminait, son front plissé sous sa tignasse brune lui donnait l’air d’un chien battu. Vitale avait laissé le volant à Hector, pour qu’il s’occupe. Il lui servait de copilote dans les rues de la capitale et lui faisait la conversation.
— Le week-end prochain, je rentre en Bretagne. J’ai mis le voilier en cale sèche, il me reste quatre mois pour refaire l’étanchéité, avant de reprendre la mer. Au printemps, vous pourrez venir avec Dîna, on fera un tour dans la baie.
Hector avait acquiescé pour se rassurer. C’était juste une brouille avec Dîna, elle allait digérer tout ça.
Dehors, aux terrasses, Paris vibrait. Chacun voulait absorber les derniers rayons de soleil, avant que la grisaille n’enveloppe la capitale. Les filles n’avaient pas encore rangé les jupes courtes au fond des placards, tout le monde était en t-shirt. Pour encore vivre. Vivre avant l’hiver. Vivre avant de mourir.
Paris est une fête, disait-on. La fête s’affichait sur les trottoirs, aux terrasses des cafés et dans ses restaurants. Que restait-il d’autre des nuits parisiennes ? L’injonction au bonheur clignotait partout, avec une insolence malsaine. Les visages qu’il croisait étaient comme des néons racoleurs qui lui disait une seule chose, rit, soit heureux, vit. Au moins, ils ne sont pas sur Instagram pendant ce temps-là, pensa Hector. Il se ravisa en voyant un couple prendre un selfie. Cheese comme on disait à son époque. Maintenant, ce n’était plus nécessaire, le « cheese » était dans les gènes des générations Y et Z. Sourire, photos et partages en ligne, les trois commandements de la vie moderne. Cette pensée de vieux con le mit mal à l’aise.
Il était aigri car il ne voyait que la face sombre de la vie nocturne, la nuit qui dérape, la nuit qui tourne mal, qui cherche la merde et qui la trouve toujours. L’ombre excite notre part d’ombre. Le loup hurle à la mort et réveille le chien paisible de la maison. Pauvre corniaud ! Hector enviait peut-être leur insouciance, voilà tout.
La voix grave de son collègue le tira brièvement de ses pensées.
— Remonte vers le Xe, on va passer sur le canal.
Hector le sentit, Vitale avait envie de mater. Il n’était pas méchant, mais il voulait lui aussi profiter des derniers jours d’un été indien sans fin en regardant les nanas en terrasse. Pas tant pour se rincer l’œil que pour absorber cette jeunesse dont il ne pouvait faire son deuil. Il allait à la salle tous les jours, soulevait de la fonte pour repousser l’inéluctable. Cela lui donnait une allure de colosse, qui faisait parfois peur, même aux filles.
Hector s’exécuta sans protester, au prix d’une souffrance dont il ne parlait jamais. Il était doué pour lire sur les lèvres, c’était un de ses drames. Partout des mots silencieux l’agressaient, des phrases qui ne lui étaient pas destinées venaient s’échouer sur le roc de son âme torturée. Il lisait sur les visages des gens en terrasse, il voyait les rires, il aspirait leur vie. Une image lui serra le cœur. Ils étaient en vacances en famille. Il se revit adossé au mur, sur leur terrasse dans les hauteurs de Tizi Ouzou. Un soir, son frère, toujours lui, avait ramené de la bière. Une brise du large agitait leurs tignasses brunes avant de venir s’éteindre sur les montagnes berbères. Ils entrechoquèrent les bouteilles et regardèrent en silence l’obscurité engloutir la vallée. Pourquoi les personnes que vous détestez reviennent toujours vous hanter ? Parce que ce sont celles qu’on a trop aimées ?
Immobilisé au feu rouge, Hector ouvrit sa fenêtre. Cette fois, le son lui parvint, des voix enjouées provenant d’une terrasse bondée, au coin d’une rue passante. Les bribes des conversations se mêlaient, se répondant dans une symphonie polyphonique, tantôt harmonieuse, souvent dissonante. La musique de la vie.
Un jeune homme, la vingtaine, s’approcha des tables alignées. Lorsque cette fille installée seule, le regard perdu dans son téléphone l’aperçut, elle bondit pour sauter à son cou. Elle l’accueillit dans ses bras, le serra, l’embrassa aussi, longuement.
Hector les observa, le regard chargé de nostalgie plus que d’envie. Il aurait voulu toucher cette insouciance, un instant se glisser dans la peau de ces étudiants et revêtir le vêtement souple et confortable de leurs illusions. Vivre quelques heures, avec cette jeunesse dorée qui profitait de la vie en terrasse. Toutes les jeunesses sont dorées, c’est le propre de la jeunesse, non ? Puis, il repensa à la sienne et reconnut que certaines vies s’écoulaient plus simplement que d’autres.
Le feu passa au vert. Il redémarra en abandonnant le couple toujours enlacé, aux tenues légères. Il faisait 20 degrés, on était en novembre et Hector avait trop chaud avec son blouson. Il se dit que chaque génération avait son fardeau.
Vitale arborait malgré lui un sourire enjôleur et laissait son regard courir sur les groupes de jeunes actifs qui célébraient le week-end. Dans un autre café, un groupe de copains fêtait l’anniversaire d’une jeune fille. Son visage s’anima d’une surprise feinte lorsqu’ils exhibèrent un énorme cadeau. Elle fit un geste circulaire au serveur pour lui demander une nouvelle série de pintes, pour leur grande tablée qui débordait sur le trottoir.
Hector eut envie d’une bonne bière. Il chercha à se rappeler la dernière fois qu’il avait fêté son anniversaire avec des potes. Les trente-sept ans franchis sans chichi ni célébration il y a quelques semaines n’étaient pas un seuil symbolique. Et puis, il n’avait pas la tête à ça. Il avait l’impression que la meilleure partie de sa vie était derrière lui. Il se débattait pour faire mentir ses funestes prédictions, mais son boulot le bouffait et sa femme l’étouffait sous les reproches. Il était toujours ce petit garçon qui ne faisait jamais les choses comme il fallait. Décalé. Une vie à rebours dans le théâtre de la vie. Les souvenirs qui le berçaient, qui lui faisaient du bien, dataient de ses vacances en Algérie. Pas parce qu’il y retrouvait ses racines. Juste parce qu’il pouvait tomber le masque. S’éloigner du regard de ses parents. Ne pas jouer un rôle. Il était libre de faire le con, de faire le beau, comme disait son cousin.
C’était là évidemment qu’il avait rencontré Dîna, à cet endroit où il pouvait s’autoriser à être ce que le poids familial lui interdisait. Elle aussi était française, mais jamais ils n’auraient pu se rapprocher dans leur pays, jamais ils n’auraient croisé le regard dans le carcan de leur quotidien. Alors, dans cette Algérie qu’ils ne connaissaient qu’en touriste, il l’avait aimé, il avait brûlé sa peau sur la sienne, ignorant le poids des traditions et des attentes familiales. Ils étaient des étrangers, des invités dans ce pays, libres de négliger une culture qui n’était pas vraiment la leur. Loin de chez eux, les rituels retrouvaient la place qu’ils devaient avoir, redevenaient un folklore de vacances. C’était leurs racines, pas leur vie, pas leur unique horizon.
Les deux flics continuèrent leur patrouille dans le Xe arrondissement. Hector roulait à l’instinct dans ces rues qu’il connaissait par cœur. Ils remontaient le boulevard de Magenta pour rejoindre la place de la République. Ils avaient laissé derrière eux les lumières de la fête. Retour à la réalité. Ils roulaient sans un mot sur ce boulevard beaucoup trop calme. Maintenant que son attention était revenue dans la voiture, Vitale sembla se rappeler de la présence d’Hector. Il relança la conversation.
— T’as envie de rester sur Paris, toi ?
Hector espérait empêcher la conversation de tourner autour de son voilier breton et de son désir obsessionnel de Vitale d’être muté dans une ville portuaire.
— Pour aller où ?
— À ton avis, l’Espagnol ? Toulouse, Perpignan ? Le sud-ouest, quoi.
« L’Espagnol ». Hector ne se souvenait plus comment on lui avait donné se surnom. Il s’appelait Kaîs Mahi, mais il avait changé de prénom avant d’entrer dans la Police. Pour faire moins exotique, moins étranger. Moins maghrébin. Hector Mahi, c’était passe-partout. Et avec son côté petit brun, sec et fin, ses collègues avaient commencé à l’appeler l’« Espagnol ». Ça lui allait bien. Hector avait même un peu appris la langue pour entretenir l’illusion.
— Je ne sais pas. J’aime bien Paris. C’est chez moi, ici.
— Quand même, y a un truc spécial avec l’Espagne. Tiens, j’ai mangé chez un pote, un maniaque de la paëlla. Manuel, je t’en ai déjà parlé. Il a son propre matériel, avec l’énorme poêle pour faire mijoter le riz. Ça met des heures. C’est une vraie institution. Tu sais, j’en avais jamais mangé une comme ça. Le truc de la cantine, à côté, c’est infect. Je ne comprends pas comment tu ne prends pas ça comme une insulte. Ah, tiens, arrête-toi ! Ça ma donné faim de parler de bouffe. Ou c’est l’inverse, je parle de bouffe parce que j’ai faim. Je vais me prendre un kebab. T’en veux un ?
— Non, vraiment, merci.
— Oh, t’es sûr ? Tu peux manger n’importe quoi, tu ne grossis pas, toi.
Hector s’arrêta devant la boutique aux néons roses et violet. Le patron attendait sagement le noctambule de passage dans sa boutique grasse aux relents d’huile de friture rance. Les odeurs soulevèrent le cœur d’Hector lorsque Vitale ouvrit la porte.
— Traîne pas.
Vitale claqua la porte du véhicule. Et on se demande pourquoi les voitures sont dégueulasses ? Ça va schlinguer jusqu’au prochain service.
Quand est-ce que cela avait commencé à merder avec Dîna ? Il avait perdu le contact avec sa propre famille quand il avait changé de prénom. Dîna l’avait soutenu. Du moins, c’est ce dont il voulait se souvenir. Maintenant, il doutait. Est-ce que c’était le début de ses reproches incessants ? Il n’était plus le Kaîs qu’elle avait épousé. En devenant Hector, il avait mué, laissant derrière lui bien plus que quatre lettres. Il avait abandonné une peau dans laquelle il s’était toujours senti à l’étroit.
Un bruit sourd fit sursauter Hector. Un gars venait de s’écrouler en titubant, sur le coffre de la voiture. Hector jeta un œil vers son collègue qui attendait sa commande. Vitale réagit brutalement.
— Hé, va gerber ailleurs !
L’homme ne le regarda même pas. Fébrile, il se redressa, puis s’écarta du véhicule. Il se tint là un moment, chancelant, puis repris sa marche à petits pas le long du trottoir.
Hector réalisa alors que le boulevard s’était peuplé d’une étrange faune, les habitants de la nuit étaient sortis de leurs planques, côtoyant les fêtards et les cadres rentrant trop tard après une longue semaine. Tous se croisaient sans se parler, sans même se voir.
Parfois, il était difficile de savoir qui était qui. Qu’attendait ce type sur le banc de l’autre côté de la rue ? Habillé en jeans, chemise et veste noire, il semblait perturbé, se levait régulièrement, faisait les cent pas, tournait en rond, avant de se rasseoir. Il portait un bonnet, noir également, malgré la chaleur exceptionnelle, qui camouflait un crâne que l’on devinait chauve.
L’atmosphère semblait soudain devenu étrangère. Un jeune homme dépassa l’entrée de la ruelle qui débouchait sur le boulevard, puis revint subitement sur ses pas. Il marqua un temps d’arrêt en voyant l’homme en noir, mais ce dernier ne prêta pas attention à lui, toujours à l’affût, attendant un rendez-vous qui ne venait pas. L’individu s’engouffra dans le passage sombre. Hector le vit jeter un regard circulaire pour s’assurer que personne ne l’observait. Il s’affaira un instant sur la palissade en tôle ondulée qui fermait l’accès à un chantier de rénovation. Il écarta deux panneaux pour se frayer un chemin dans le bâtiment en travaux, puis disparut.
Vitale attendait toujours son Kebab. Il tuait le temps en discutant avec le patron. Plus loin, sur ce même côté du trottoir, une femme avançait vers eux d’un pas rapide. Elle profita du feu piéton pour traverser la rue. L’homme en noir la repéra, puis sembla s’apaiser. Il se rassit, rajusta son bonnet et remonta le col de sa veste. Il leva son smartphone comme s’il attendait un message, mais portait peu d’attention à l’écran. Un autre homme marchait derrière la femme. Il traversa à sa suite, d’une petite course rapide, coupant la voie à une voiture qui redémarrait alors que le feu vira au vert. La femme sentit la présence dans son dos et Hector vit son bras se poser sur la lourde sacoche qu’elle portait en bandoulière.
Les sens d’Hector étaient surchargés. Son cerveau était incapable de traiter tous ces stimuli. Le temps se dilatait, ralentissant chaque geste, comme pour lui laisser le temps d’appréhender ce qui se jouait devant lui, de relier entre eux les personnages de ce théâtre vivant. Figé par sa propre fascination, il était spectateur d’une pièce se déroulant devant lui, à l’issue inéluctable.
Son attention revint dans la voiture, lorsqu’un son le fit tressaillir. La radio qui avait été fort calme jusqu’alors se mit à grésiller.
— Secteur République. On a une alerte coups de feu. On recoupe l’info, tenez-vous prêt !
À suivre…
Podcast
La semaine prochaine, le podcast reçoit Jean-Laurent Del Socorro.
Jean-Laurent est auteur de fantasy historique et son sixième roman pour adulte Morgane pendragon vient de sortir. Il y revisite avec talent la légende arthurienne en partant d’un point de départ simple : et si c’était Morgane qui retirait l’épée de la tombe d’Uther Pendragon et devenait Reine de Logres à la place d’Arthur ?
Pour vous en donner un avant-goût, je vous proposer ma lecture du prologue de Morgane Pendragon, de Jean-Laurent Del Socorro.
Bonne écoute !
🎧 À écouter sur la chaîne YouTube Double Vie.
À retrouver également sur Apple Podcast, Spotify et le site Double Vie.
Sur mon blog
Cette semaine, j’ai publié deux textes sur mon blog qui pourraient vous plaire.
Le premier est un article qui démystifie les IA génératives et vous explique comment ça marche et s’il faut les craindre : Ces modèles qu’on appelle IA.
Le deuxième texte est une divagation poétique, Le lac.
Bonne lecture !
Publication à venir
Avec d’autres autrices et auteurs, nous avons produit un truc peu fou. Il est temps de pouvoir lever le voile sur un projet que nous préparons depuis quelques mois.
Je vous présente l’anthologie de nouvelles de science-fiction et de fantasy la plus racoleuse qui soit. Si, si, je vous promets, racoleuse, car tout le monde aime le fromage, non ?
Alors, la voilà. Fromaginaire arrive bientôt, une anthologie de nouvelles avec treize autrices et auteurs, des justiciers de la raclette, réunis pour partager leur imaginaire fromager. Si je mentionne la raclette, ce n’est pas par hasard, car Jean-Laurent Del Socorro, co-auteur avec des Chevaliers de la raclette avec Nadia Coste, a eu le bon goût, et il est vrai aussi le courage, de préfacer cet ouvrage qui sort de l’ordinaire.
Vous en salivez déjà ? Alors, préparez-vous. Pour vous procurer ce précieux recueil, vous pourrez bientôt participer à son financement participatif. Ça se passe ici, et ça arrive bientôt. Vous n’êtes pas prêts : https://fr.ulule.com/fromaginaire/coming-soon/
À suivre
Comme vous le voyez, la semaine a été productive ! Vous avez de quoi lire ce week-end ! J’espère que ces textes et projets vont vous plaire.
Je vous souhaite un merveilleux week-end !
— mikl 🙏