Hello les amies,
J’ai un secret que je vous avais caché la semaine dernière. Il y a une fin à cet épisode 17 de la Plaie. Hé oui, Hector vient de récupérer ses disques, alors, à votre avis, il en fait quoi ?
Pour lire le début du roman, c’est par ici :
- Téléchargement de la première partie de la Plaie (fichiers avec les onze premiers épisodes): Le Flow #159.
- La Plaie - Épisode 12 – Le Flow #161
- La Plaie - Épisode 13 – Le Flow #162
- La Plaie - Épisode 14 – Le Flow #164
- La Plaie - Épisode 15 – Le Flow #166
- La Plaie - Épisode 16 – Le Flow #168
- La Plaie - Épisode 17 – Le Flow #170
Bonne lecture !
La Plaie - Épisode 17
Promesses (2/2)
Malgré la fatigue, Hector prit un moment pour déballer le carton, installer la platine et parcourir les disques que Dîna lui avait apportés. Avec mélancolie, il extirpa un album de sa pochette, un de ses joyaux, Thriller de Michael Jackson. Les gestes l’apaisaient, installer le disque sur le plateau, le laisser tourner pour balayer la poussière, avant enfin d’ajuster la tête de lecture en diamant sur les microsillons. Les crachouillis le firent frissonner. Face A, piste 4. Un bruit des pas résonnait dans son appartement, les loups hurlaient dans la ville, les zombies se réveillaient.
Son regard se perdit au travers de la baie vitrée. Au loin, la zone sombre de la Plaie, lui sautait au visage, les voix des morts l’appelaient. Encore. Sûrement pour toujours. Les morts-vivants. L’expression lui parut étrangement porteuse d’espoir. Encore un peu vivants. Ils se rederessaient tous, dansaient autour de lui comme s’il était le centre du monde. Ah ça, il l’avait cru, qu’il était important, que ce qu’il vivait était à lui, que c’était son histoire. La mort de Yacine avait d’abord été une affaire personnelle.
Après un court silence, la musique reprit sur un autre morceau. La basse de Beat It résonna dans la pièce, profonde, riche de cette légère saturation qui déborde dans des harmoniques inconnues. Enfin, le morceau monta en puissance vers le solo de Van Halen, jusqu’au trois coups qui l’annoncent. La guitare gronda, jusqu’à emplir tout l’espace autour d’Hector, une vibration de jouvence parcourut son corps. Les coups se répétèrent, une fois, deux fois, débordant comme une nuisance agaçante sur le riff de guitare, jusqu’à ce qu’Hector réalise qu’on tambourinait à sa porte. Est-ce que c’était Dîna qui revenait ? Un voisin incommodé par Michael Jackson ? Ou bien le type qui lui avait laissé la mystérieuse lettre ? Hector se raidit. Il baissa le son, mais c’était trop tard, la musique avait déjà trahi sa présence. Il se sentit faible tout à coup, fragile comme jamais. Jamais il ne pourrait lutter.
— Hector, je sais que t’es là, j’ai entendu la musique. Viens ouvrir.
Il reconnut la voix de Vitale. Ça faisait un moment qu’il ne l’avait pas vu. Il se déplaça avec lenteur jusqu’à la porte. La journée semblait ne jamais vouloir se terminer.
Vitale se tenait droit sur le seuil, l’air grave, raide et froid comme une barre de métro.
— Salut buddy. J’ai appris une nouvelle te concernant. Je préfère te l’annoncer moi-même. C’est fini, on ne travaillera plus ensemble.
Hector fut saisi d’un vertige. Il laissa Vitale le suivre dans l’appartement et s’écroula sur le canapé.
— C’est quoi ? Mise à pied ? C’est à cause du fauteuil ? Je ne suis pas handicapé, je retrouve mes moyens. Ça revient, Vitale, plutôt vite. J’ai marché dans Paris sans mes roulettes aujourd’hui, j’ai même couru un peu…
Vitale dévoila la bouteille de champagne qu’il tenait cachée derrière son dos. Il souriait désormais.
— J’apporte de quoi noyer mon chagrin. Salaud ! Tu vas me lâcher, vraiment ? J’ai croisé le commissaire divisionnaire cet après-midi. Il m’a dit que tu avais réussi ton concours. Tu commences à la Crim à la rentrée. Je t’en veux, mais pas à mort.
Vitale lui donna une bourrade sur l’épaule.
— Le jury a été sensible à ma célébrité ?
— Arrête, bordel, Hector. T’as bossé pour réussir, t’as réussi. Alors, réjouis-toi. Où sont les verres ?
Vitale ouvrait tous les placards à la recherche de flûtes à champagne. Il comprit qu’il n’en trouverait pas et sortit deux verres à moutarde, pas bien classe, avec leurs résidus d’étiquette et de colle.
— Tiens, ils sont parfait, ces verres, pour une teuf entre vieux flics. Totalement décadents. Champagne et bonne franquette !
Les deux flics échangèrent des souvenirs nostalgiques, Vitale raconta les ragots et les récentes bourdes au commissariat. Le silence s’installa. Ils étaient deux cons, deux vieux potes assis sur un canapé, face à un Paris qui essayait de survivre. La fatigue les rattrapa. Vitale se leva pour débarrasser. Hector en profita.
— J’ai besoin d’un service. Deux en fait. Tu veux bien m’aider ?
Vitale s’arrêta net.
— Qu’est-ce que tu me demandes encore, Hector ?
— Je ne me sens pas encore prêt à reprendre. Pas juste pour accéder à des dossiers, mais c’est important pour moi. Ça m’aiderait que tu fasses quelques recherches dans le système.
— C’est une recherche perso ? T’es pas encore à la Crim, mon gars.
— Rien de vraiment perso, mais je te laisse juge. Tu te souviens, un gars s’est fait descendre dans la ruelle, quand on est intervenu ce jour-là ? Tu peux savoir où en est l’enquête ?
— Ça ne se trouve pas dans les fichiers, ça.
— Je sais. Tu sauras à qui demander, je te fais confiance. Et puis, tu es témoin, tu as dû être interrogé. C’est un bon prétexte pour demander si ton témoignage a été utile.
— La vérité va te faire bondir, Hector… On m’a interrogé, oui. Notre petite virée avant notre intervention ne donnait pas une image suffisamment lisse et efficace de la gestion des équipes. Le boss a préféré retenir qu’on y était allé directement. Ma déposition sur les coups de feu dans la ruelle n’a pas été retenue.
— Ah ? On fait le tri dans les dépositions des témoins, maintenant ?
— Tu vois ce que je veux dire. Tu n’as pas idée du bordel que c’était après l’attentat.
— Tu peux te renseigner quand même ? Peut-être que le dossier a avancé malgré tout. Ton témoignage n’était pas si critique.
— On va dire ça. Et le deuxième service ?
— Est-ce que tu peux me donner tout ce que tu trouves dans le fichier sur Alix Klineman ? Je n’arrive pas à le retrouver. Je veux lui rendre sa carte de transport.
Hector lui lança le passe d’abonnement qu’il avait découvert sur le chantier dans la ruelle. Vitale l’attrapa au vol.
— Ôte-moi d’un doute, Hector, tu te fous vraiment de moi ?
— Joker !
— Bordel, Hector, tu vas me mettre dans la merde.
— Tu promets de m’aider ?
— Joker !
Vitale se laissa retomber lourdement sur le canapé. Il tendit son verre à Hector.
— Ressers-moi du champagne.
À suivre…
La dose de flow
Musique
Greta Van Fleet sort son troisième album. J’avais beaucoup écouté le premier, mais trouvé leur deuxième un peu plat, je les trouvais coincés dans leur copie de Led Zep. Ils sortent enfin de leur carcan avec le troisième album et j’aime bien le résultat. J’ai choisi de vous partager le très électrique The Falling Sky :
À suivre
Je viens de terminer le premier jet de ma nouvelle pour les Amazonies Spatiales, et je ne sais toujours pas quoi en penser. Je progresse, vous me l’avez dit, écrit et c’est un plaisir à entendre. Alors, j’imagine que cela pourrait être bien.
Quels que soient les doutes qui me tiraillent – un auteur est une machine à douter, c’est son boulot – j’ai l’impression d’atteindre un stade qui me permet de mieux maîtriser les imaginaires dans lequel je vous fais voyager. Le plaisir est décuplé par le fait que je me sens capable d’aborder des projets infiniment plus complexes et ambitieux que mes premiers textes, et je crois que c’est l’essentiel.
Il me reste un Flow à vous écrire la semaine prochaine, avant de mettre cette lettre hebdo en pause au mois d’août.
D’ici là, je vous souhaite un merveilleux week-end !
— mikl 🙏