La Plaie - Épisode 26 – Le Flow #183

Où je vous présente l’épisode 26 de la Plaie, « Zones d’ombre », et vous parle d’Émilie Simon.


Newsletter   •   18 novembre 2023

Hello les amies,

Allez, on continue dans la Plaie. Je vous l’avoue, je suis content de ce chapitre. Il fait partie des moments de l’histoire que je voulais emblématiques. J’espère que l’ambiance vous emportera.

Pour lire le début du roman, c’est par ici :

J'ai toujours prévu de faire un fichier complet qui reprend tout le roman, pour faciliter le rattrapage, la semaine prochaine, j’espère.

En attendant, bonne lecture !


La Plaie - Épisode 26

Zones d’ombre

Milad avait raccroché brusquement et le doute avait alors serré la gorge d’Hector. Était-il en danger ? Avait-il besoin d’aide ? Hector se força à avaler de grandes bouffées d’air pour repousser la panique. Il prépara une note pour Edgar. Que lui dire ? Il écrivit ce qui lui venait, sans pouvoir trop en révéler, « je suis parti retrouver un indic qui signale une information importante. » Il fit une pause en relisant. Hector s’en voulut alors d’avoir recruté ce môme comme indic. Aucune enquête, pas même son obsession, sa chasse aux ombres, ne justifiait de prendre un tel risque. Il poursuivit son message. « Je vais sur le canal Saint-Martin, en bordure de la Plaie, dans le camp de réfugiés. Voilà, tu sais où je suis. Merci pour ton aide sur le drone. Moreau est mort et n’a pas pu récupérer cette preuve. C’est à lui que je l’avais remis, il aurait pu l’escamoter avant. Je te tiens au courant. » Il hésita et rajouta « À demain – H. », il n’avait aucune idée de ce qu’il l’attendait là-bas, ni combien de temps l’intervention lui prendrait. Impossible de reculer. Il glissa la feuille dans le tiroir d’Edgar, dans l’interstice avec le bureau. Il employa ensuite la même technique qu’Edgar en laissant un Post-it jaune sur l’écran, plus pour la commissaire Gagnon que pour son collègue. « Je passe te retrouver sur la scène de crime. Si tu lis ce mot, c’est que je t’ai raté et que nos chemins se sont croisés. – Hector. » Enfin il vérifia l’arme dans son holster – elle était bien chargée. Il contrôla que la sécurité était activée, et rangea son Sig-Sauer dans l’étui caché sous son blouson de cuir. Il remonta sa fermeture éclair, comme s’il cherchait à se blinder pour affronter un choc violent, inspira à pleins poumons et quitta le bureau pour aller retrouver Milad, en trottinant malgré lui.


Milad lui avait donné rendez-vous au terrain de jeu. Le soleil enveloppait le jardin de sa lumière dorée. L’ambiance était paisible et silencieuse. Quelques feuilles jaunies jonchaient le sol encore humide de la fraîcheur de la nuit. L’automne explosait dans ses nuances de rouille. Hector franchit les limites du jardin d’enfants. Il s’attendait à repérer la silhouette de Milad de loin, à le voir faire tournoyer sa fronde, perché en équilibre sur le jeu tissé de cordages rouges. C’était son repère. Personne à l’horizon. Que lui était-il arrivé ? Hector commença à s’agiter. Et si Milad avait été repéré ? Qui serait assez pervers pour agresser un môme ? Il tenta de se rassurer, si Milad avait réussi à parcourir des milliers de kilomètres et survivre à la guérilla qui ravageait son pays, c’est qu’il était malin et suffisamment prudent.

Alors qu’Hector longeait le parc et se dirigeait vers le camp pour chercher l’enfant, il se retourna en entendant un petit sifflement discret, une aspiration, comme une succion. La surprise le paralysa, il manqua un battement de cœur. Les yeux de Milad l’observaient depuis la bouche d’égout qui bordait le trottoir. Le môme éclata d’un rire franc.

— Arrête d’avoir peur de tout, Hector ! Si, si, t’as eu peur, si t’avais vu ta tête.

— Bon, si tu veux. Qu’est-ce que tu fous là ?

— Ben viens, je vais te montrer, ce sera plus simple.

— Et comment je te rejoins ?

Milad lui fit signe de continuer sur le canal, vers le Nord et disparu dans les sous-sols. Ce qu’Hector avait pris pour les égouts était en fait la partie souterraine du canal Saint-Martin. D’un côté, le tunnel débouchait sur le port de Bastille, de l’autre, le parcours se poursuivait en aérien jusqu’au bassin de la Villette. Hector ne s’était pas jamais posé la question, mais des bouches d’accès avait été aménagées le long du kilomètre de portion souterraine du canal. Il repéra la tête de Milad qui dépassait d’un de ces accès. Le garçon avait été rapide. Il ne lui demanda pas qui l’avait aidé à soulever la plaque, se rassurant en se disant qu’un adulte lui avait forcément donné un coup de main. Milad lui fournit malgré tout la réponse.

— C’est par là qu’ils passent, lui dit-il. Parfois, ils ne referment pas, quand ils ne partent pas trop longtemps. Allez, viens, ils sont sortis, mais il ne faut pas traîner !

Sa tête disparut dans le tunnel noir, Hector descendit l’échelle à sa suite. Il regretta de n’avoir pas pris de lampe torche, mais en bas, Milad l’éclaira d’un puissant faisceau lumineux.

— Ils planquent leur lampe juste en bas de l’échelle. Jt'dis, ils sont peinards là-dessous.

L’enfant éclaira l’eau du canal pour lui indiquer la bordure du quai. Hector hocha la tête pour signifier qu’il avait compris et avança derrière lui, la main posée sur l’épaule du garçon. Leurs pas résonnaient dans le silence caverneux. Quelques fuites faisaient suinter de l’eau qui gouttait en plocs irréguliers, qui prenaient une ampleur particulière, comme dans une cathédrale.

— C’est loin ? demanda Hector dans un murmure, pour que leur intrusion reste furtive.

Milad leva juste un index. Hector ne sut pas s’il voulut le faire taire ou juste signifier qu’ils marcheraient une minute. Ils progressaient sur un étroit quai qui bordait le canal, longeant un mur de brique, qui se prolongeait en une voûte au-dessus de l’eau. Ils dépassèrent plusieurs ouvertures dans la structure, fermées par des grilles sécurisées par de solides cadenas. Les lieux étaient bien entretenus, aucune fragilité, aucune trace de rouille n’était apparente. Hector testa leur résistance en secouant une des barrières métalliques pour tenter de l’ébranler. Il mit tout son poids dans son geste.

— Ne t’énerve pas, il y en a une qui est ouverte plus loin, lui dit Milad.

Il reprit sa marche. Derrière lui, les sens d’Hector étaient en alerte. Il s’aperçut seulement que l’ambiance était écœurante, ils progressaient dans une odeur d’eau croupie, comme si des corps étaient en décomposition juste sous la surface. Alors que cette pensée stimulait son imagination, il tressaillit en apercevant une forme bouger dans l’eau. Il plissa les yeux pour les adapter à la pénombre. Une colonie d’une dizaine de rats était en train de fuir. Dérangés par la lumière, ils traversaient le canal, comme une masse grouillante et luisante. Milad les avait repérés également et s’arrêta pour observer la réaction d’Hector.

— Quoi ? Je n’ai pas peur des rats. Tu vois que j’ai pas peur de tout.

Milad fit un geste de l’index vers le haut. Il désignait ses compagnons du camp de réfugiés, juste au-dessus d’eux.

— Et nous, on les aime bien. On vient parfois chasser par ici, quand on a plus rien à bouffer, il y en a tellement, qu’on est sûr de pouvoir manger le soir. Viens, c’est juste là.

Milad se faufila dans une ouverture sur sa gauche, bien plus exigue que les autres, un couloir similaire à ceux qu’ils avaient dépassés, mais dont la grille était ouverte cette fois. Hector suivit Milad dans la galerie, étroit boyau au plafond bas. Il n’aurait pas fallu qu’il se réduise plus loin sinon Hector aurait beaucoup de peine à s’y couler, il pouvait à peine se retourner. Ils progressèrent encore plus lentement, le bruit de leurs pas étouffé par les murs suitants. Hector déglutit bruyamment, le passage s’étrécissait, semblait l’avaler, prêt à le digérer. C’était sûrement son imagination. Ils rejoignirent un réseau de couloirs plus larges, qui leur permit d’accélérer. Milad s’orientait sans hésiter, dans ce qui se transformait en un dédale complexe.

— Il ne faut pas traîner, maintenant, dit-il.

Gauche, droite, droite, gauche. Hector tenta de mémoriser le chemin puis renonça, acceptant de dépendre de Milad pour retrouver son chemin. Il frissonna. Même désorienté, il savait qu’ils s’approchaient lentement de la zone meurtrie de la Plaie, quelque part au-dessus de leurs têtes. À mesure qu’ils avançaient, une ronronnement sourd semblait monter des profondeurs de la terre, comme le ronflement d’une bête, comme si un dragon s’y était tapi, protégeant un trésor secret. Hector crut y reconnaître le bruit d’un générateur. Après un moment, une lueur émergea au fond d’un des tunnels, une lumière électrique qui vibrait à un rythme agaçant au travers d’une porte entrouverte. Ils débouchèrent enfin sur une grande salle, et malgré les vibrations persistantes, l’ambiance se fit moins oppressante. Hector referma la porte. L’ampoule allumée n’éclairait qu’avec peine la pièce d’une ambiance jaune pâle. Puis il y a eu un clic et une lumière plus intense l’éblouit. Milad avait actionné un interrupteur pour allumer les néons au plafond qui crachèrent une lumière blanche et froide. Hector ferma les yeux et les rouvrit lentement pour s’accoutumer. Sur l’un des murs, une fresque gigantesque avait été peinte, dans le plus pur style de miss.Tic. Il y avait des paillasses sur le sol qui servaient certainement de lits. Dans un coin, des bureaux avaient été improvisés sur lesquels du matériel informatique avait été entreposé, branché sur des engins qu’Hector ne parvint pas à identifier, de sortes de grands projecteurs de cinéma, à l’optique gigantesque. Un soupirail au fond de la salle semblait donner sur une ventilation naturelle, qui permettait d’évacuer un peu de l’humidité oppressante du lieu.

Milad attira l’attention d’Hector et lui tendit une sacoche de livreur, molle comme celle que les facteurs portent en bandoulière. Hector dégagea la place sur un des bureaux pour la fouiller à son aise. Il en sortit les premiers objets, de vieux livres qui avaient été lus et relus, un livre de science-fiction d’Ursula Le Guin et un recueil de nouvelles de Maupassant, Le Horla. Le dernier livre était presque neuf, écrit par un auteur contemporain, Éric Frey. L’auteur l’avait dédicacé, « à Alix ». Hector fut soulagé, ça y est, il le tenait enfin. Au milieu de ce livre grand format, une photo servait de marque-page, Alix Klineman avec un ami, en train de jouer à un jeu vidéo sur un canapé.

Au fond du sac, le dernier objet était un petit carnet. Hector le feuilleta. Il servait apparemment à regrouper des articles de presse, en alternant avec des textes manuscrits. Dès la première page, Hector fut choqué. Il y avait une photo de lui, celle où il sortait du Bataclan. Il connaissait bien cette image, la couverture de Paris Match. Le drone qu’il balançait au bout de son bras avait été entouré plusieurs fois, à côté, un point d’interrogation rageur avait été inscrit en rouge. Hector continua à feuilleter le journal d’Alix Klineman. Il y avait des articles sur l’attentat, des hommages aux victimes, et à côté de sa propre photo, Alix avait inscrit le mot « Pardon. » Sur la dernière page, un poème énigmatique avait été écrit :

Dans la délivrance d’un sommeil millénaire
Dans le chaos
Dans la souffrance des morts qui renaîtront de leurs cendres
Dans la brûlure d’un feu au goût de souffre
Que de cette plaie béante s’élèvent les dragons.

Alors qu’il feuilletait les dernières pages blanches, deux coupures de presse tombèrent du carnet. Hector les ramassa. Toutes les deux étaient très récentes et n’avaient pas encore été collées dans le recueil. Le premier article datait de la veille. Il rapportait le suicide de l’auteur Éric Frey, retrouvé mort en bas de son immeuble dans le XIIe arrondissement, près de la Nation, après une chute du cinquième étage. L’article mentionnait que le suicide ne faisait aucun doute. L’ordinateur de l’auteur était resté ouvert sur sa page Facebook sur laquelle il avait annoncé ces adieux. La deuxième coupure de presse lui fit l’effet d’un coup de poing à l’estomac. L’article datait du jour même et racontait la cérémonie de remise de médaille de la veille. Hector y était évidemment mentionné. Sur la dernière photo qui illustrait l’article, Hector posait, mal à l’aise, tirant la tronche entre Marie-Claire Renard et Alexander Karpathi. En rouge toujours, Alix avait inscrit un signe dans la marge à côté de l’image, un point d’exclamation. En dessous, un autre article rappelait les enjeux politiques, avant le procès qui s’annonçait. Maître Brochard, l’avocat du principal prévenu, s’y exprimait. La lecture offrit à Hector une information qui le concernait et qu’il ignorait jusqu’à présent. Il y évoquait la stratégie de la défense : « Ce procès est aussi une occasion, de poser des questions sur le contexte et le rôle de chacun. Aujourd’hui, tout ne nous semble pas clair. C’est pourquoi nous allons citer largement des témoins. Cela peut vous surprendre, mais Hector Mahi par exemple sera cité par la défense. Je pense qu’il a des choses à nous raconter sur cette soirée. Nous verrons. En tout cas, nous l’amènerons à témoigner à la barre. »

Coup de massue. Il n’avait jamais envisagé qu’on le force à revivre ce calvaire. Hector s’adossa au mur pour reprendre ses esprits. Pendant qu’il s’affairait, Milad s’était intéressé au matériel informatique entassé dans un coin qui servait de bureau et d’atelier. Il remua la souris de l’une des machines. L’écran s’alluma, mais il buta sur le mot de passe. Hector trouva étrange de voir une installation si moderne, faite de bric et de broc, mais d’un matériel moderne et puissant, dans un cadre si insalubre. Il se demanda comment ce local n’avait pas déjà cramé. Hector se concentra sur l’urgence du moment, remit les livres en place dans la sacoche, mais empocha le carnet.

Un grincement troubla le calme de la pièce. Quelqu’un ouvrait avec prudence la porte branlante du local. La personne repéra d’abord Milad et la porte s’ouvrit plus largement. Hector eut le temps d’apercevoir le visage hirsute d’Alix, au milieu d’un petit groupe. Hector n’eut pas le temps de bouger, pas le temps de penser à son arme, pas le temps d’envisager de la dégainer, pas le temps d’imaginer prendre un mauvais coup. La porte s’était déjà refermée, le groupe prenait la fuite. Hector s’élança à leur poursuite dans le dédale de couloirs. Au premier embranchement, chacun des fuyards partit dans une direction différente. Le bruit de leur course se réverbérait dans toutes les directions. Hector était désorienté. Il ne savait plus d’où il venait et n’était pas certain du couloir emprunté par l’ombre d’Alix Klineman. Il s’élança dans un couloir au hasard, criant, déjà à bout de souffle, « Alix, attends ! » Son cœur battait à lui défoncer la poitrine. Dans la confusion, il avait perdu Milad et hésita un instant à poursuivre son chemin. Il conclut que le môme se débrouillerait certainement mieux que lui. Une lueur émergeait au fond du couloir, il était presque au bout. Hector accélérera dans les étroits boyaux. Il heurta lourdement une grille fermée au bout du tunnel et comprit qu’il était dans un cul-de-sac dont il n’avait pas la clé. Des éclats de voix provenaient de sa droite sur le canal. Un bateau était amarré sur le quai. Plusieurs hommes, quelques femmes s’affairaient pour évacuer le matériel informatique, les projecteurs en les chargeant sur le bateau. Alix fut le dernier à sortir. Il referma la grille à clé derrière lui.

— Alix, attends, l’interpella Hector.

Alix s’écarta du groupe et s’approcha. Son visage juvénile avait vieilli prématurément, il paraissait terriblement différent des photos qu’Hector avait vues. Amaigri, les cheveux en bataille, une étincelle de rage brillait dans ses yeux. Il s’arrêta devant la grille, Hector aurait presque pu le toucher.

— Tu ne peux rien faire, Mahi, tu n’arrêteras pas le mouvement, tu ne l’as pas arrêté dans la Plaie. Un monstre invisible s’est réveillé ce jour-là, un monstre venu de la nuit des temps, qui bouffe le cœur des humains. Il veut son kilo de chair et il va venir le prendre, que tu le veuille ou non.

Hector avait ouvert son blouson, les mains tremblantes, il fit un pas en arrière et dégaina son arme. Alix Klineman s’avança vers la grille, jusqu’à la frôler, le torse en avant, cognant sa poitrine contre les barres de métal.

— Tu veux ma peau, Mahi ? Alors, vas-y, tire, je m’en fous. Qu’est-ce que tu risques ? Je suis déjà mort de toute façon. Ne me rate pas, hein, vise le cœur. Tire si tu veux, tire bordel, mais sache que rien n’arrêtera le mouvement.

Son regard se planta dans le sien durant un instant figé d’éternité. Comme rien ne venait, Alix baissa les bras qu’il avait ouverts en croix, secoua la tête et tourna les talons pour embarquer sur le bateau. Les mains d’Hector tremblèrent de plus en plus, son flingue pointé sur le dos d’Alix Klineman. Ses doigts se crispèrent sur la gâchette. Alors qu’Alix allait disparaître à l’intérieur de l’embarcation, un coup de feu résonna sous la voûte. Hector avait baissé sa visée et la balle vint rebondir dans la pierre sur le rebord du quai. Alix se retourna et lui jeta un dernier regard, avant de descendre dans la cabine, alors que le bateau s’éloignait poussé par un puissant moteur. Hector s’adossa à la paroi de pierre. Ses jambes l’abandonnèrent et il s’écroula au sol.

Le temps s’écoula sans réel cohérence. Hector s’était vu errer dans le dédale de couloirs à la recherche d’une issue, éclairé par la faible lueur du flash de son téléphone. Plusieurs fois, il avait cru pouvoir sortir et plusieurs fois, il était tombé sur une grille verrouillée. Il en vint à se demander s’il n’était pas enfermé dans ces sous-sols qui bordaient le canal. Ses déambulations l’amenèrent à revenir dans la pièce qui avait servi de quartier général à Alix Klineman. La pièce n’était pas totalement vide, mais ce qui comptait pour eux avait été emporté. Hector poussa un cri de rage, sa voix déformée résonna en un effrayant écho. Il avait perdu la trace d’Alix, sa planque était grillée, il n’y reviendrait plus. Tout ce qui lui restait, c’était la certitude qu’Alix était bien vivant et un carnet intrigant dans la poche de son blouson. Hector était abattu, il se demandait s’il pourrait quitter les lieux. Il reprit espoir en se disant que Milad l’attendait sûrement quelque part dehors, qu’il ne le laisserait pas crever dans les tunnels. Hector rebroussa chemin, naviguant un peu au hasard. Comme un zombie, il erra encore un moment et trouva finalement la sortie, le passage discret par lequel ils étaient rentrés. Il remonta le quai et sortit à l’air libre, dans les rues de Paris, par la même trappe. Milad l’attendait, sagement assis en tailleur. Le sourire aux lèvres, la langue légèrement sortie, il était absorbé par l’écran d’une console de jeu portable qu’il avait piqué dans le sombre repaire souterrain. Il était décidément plus adapté qu’Hector au monde underground.

À suivre…


La dose de flow

Musique

Cette semaine, je vous partage ma découverte de la semaine, l’album Phoenix d’Émilie Simon. Phoenix est un concept album qui tourne autour de l’histoire de la vengeance vampirique de son personnage Lily Mercier. L’album est composé de deux disques : le premier reprend les morceaux avec une orchestration un peu électro, façon comédie musicale. Le second disque entrelace ces mêmes morceaux avec des poèmes et une orchestration plus éthérée, pour former un conte musical, à l’ambiance mystérieuse et envoûtante.

Voici « Mon palais », le morceau qui ouvre l’album :

Émilie Simon – Mon palais – Phoenix

Le projet d’Émilie Simon est transmédia, et elle a également réalisé Phoenix, un court métrage pour illustrer son histoire :

Émilie Simon – Phoenix, le court-métrage

À suivre

Il fait un temps à écrire ou à lire au chaud chez soi. C’est parfait pour se plonger dans la Plaie. Si vous cherchez d’autres lectures, je vous recommande également la lecture deps romans de Karine Tuil, dont le plus connu, la Décision, place le lecteur dans la peau d’une juge antiterroriste. J’ai croisé l’autrice dans une rencontre cette semaine lors du colloque sur la mémoire du 13 novembre, « 2015 : Récits et fictions du terrorisme », une journée de rencontres passionnantes.

Je vous souhaite un merveilleux week-end de coconning au chaud.

— mikl 🙏