Hello les amies,
J’avance dans la Plaie, et j’avoue que c’est un plaisir de progresser vers la fin, de distiller les révélations dans une séquence logique et cohérente tout en maintenant la tension, de laisser les personnages se débrouiller avec leur propre histoire et leurs sentiments.
Finir un roman est difficile, mais c’est aussi une étape gratifiante, car c’est le moment où l’on est le plus immergée dans son histoire, où les personnages sont devenus familiers, où le texte vit et palpite fort. La sensation est agréable et je me sens porté.
Je dois même vous avouer quelque chose de bizarre. À ce stade, je n’ai plus l’impression d’avoir inventé cette histoire. J’ai l’impression que tout y est vrai, que les personnages ont pris vie et qu’ils traversent ces événements, pas directement dans notre monde, mais dans une dimension parallèle et proche de moi. C’est un moment très étrange, dans lequel ce qui existe dans mon esprit fusionne avec l’environnement qui m’entoure.
J’ai besoin de recul avant de partager la suite. En attendant, je vais vous parler de confiance en soi dans l’art, et comment les deux intimement liés.
La voi(e)(x) de l’art
Cette semaine, je n’ai pas assez avancé sur le texte du roman lui-même. J’entame la troisième et dernière partie. L’enjeu est important, ma vision doit s’incarner dans sa forme finale. Les arcs que j’ai amorcés doivent trouver leurs conclusions. C’est le moment où je dois récompenser les lecteurs, leur montrer qu’ils n’ont pas fait tout ce chemin avec moi pour rien.
Alors, j’ai affûté mon plan et pour être certain de ne rien oublier, j’ai voulu relire mes notes de construction de l’intrigue dans leur ensemble, m’assurer que chaque idée serait bien placée dans le chapitre dans lequel elle pourrait être utilisée, peut-être, tout dépendra de la façon dont chaque chapitre s’agence et de sa mise en scène.
Relire ces notes s’annonçait être un travail long et rébarbatif. Beaucoup d’idées sont devenues obsolètes à chaque bifurcation, à chaque choix que j’ai fait lors de la rédaction du roman. L’intrigue s’est précisée au fur et à mesure.
Alors, j’ai traîné des pieds pour terminer cette étape, bloqué dans un entre deux, ne me sentant pas encore libre de dérouler l’histoire jusqu’à son terme, mais ralenti par une étape pénible.
J’ai souffert pendant cette phase. J’y travaillais vingt minutes, avant de décrocher et de sentir le besoin de faire autre chose, quitte à parfois perdre mon temps sur les réseaux sociaux. Je ne rêvais que d’une chose, reprendre l’écriture, la vraie, celle qui fait couler les mots sur la page, celle qui permet d’atteindre l’état de transe en vivant l’histoire au travers des yeux de ses protagonistes.
Ce travail me semblait important, alors je me suis accroché. Je me suis dit pour m’encourager: ce n’est pas grave si c’est long, quelques jours de plus ou de moins, ce n’est pas un drame, tout va bien.
J’ai finalement terminé cette tâche et seulement ensuite, j’ai pu ouvrir les yeux. Je n’ai trouvé dans ces notes aucune révélation, aucun élément important que j’aurais pu oublier.
Alors, est-ce que tout cela était nécessaire ? Et surtout, pourquoi ai-je senti le besoin de me forcer à traverser épreuve ?
Parfois, la direction que doit prendre un roman n’est pas claire, et il faut prendre le temps d’explorer des voies alternatives pour en choisir une. Ce n’était pas le cas cette fois. J’ai un plan, une vision suffisante des grandes lignes, je connais la fin.
Est-ce que j’ai voulu rendre le texte meilleur en m’assurant que je n’oublierai pas un élément important ? À ce stade de la rédaction et de l’immersion dans le roman, il est fort peu probable que j’oublie un élément clé au moment de la rédaction, et pour les détails, cela peut se corriger dans la phase d’édition. Alors, pourquoi ai-je tenu à revérifier ma checklist de vol avant de me lancer ?
Un déclic m’est venu des essais que je lisais en parallèle, pour me détendre de cette tâche laborieuse : The Practice de Seth Godin et Feel-Good Productivity d’Ali Abdaal.
Seth Godin a une définition large de l’art. L’art est pour lui la création de quelque chose de nouveau qui change quelqu’un. Sans changement, il n’y a pas d’art. L’art est transformatif et existe dans toutes les disciplines. L’art transparaît dans nos actions, dans le courage de se distinguer.
Les deux livres soulignent l’importance d’un élément commun, la confiance en soi.
Déclic. Je me suis astreint à relire mes notes, car je ne me faisais pas confiance. Je me suis imposé cette tâche vraisemblablement inutile pour me rassurer sur le chemin que j’allais emprunter. Je n’ai pas écouté ma voix, car je doutais de la voie à emprunter. J’ai négligé la joie de l’écriture pour payer le prix d’une réassurance illusoire. Est-ce que le texte en sortira grandi ? Je n’en sais rien. Peut-être me suis-je même fermé des portes en voulant me maintenir sur des rails que j’avais tracés, en réduisant la possibilité de m’en écarter pour trouver de meilleures idées dans le feu de l’écriture.
La confiance en soi est le socle de la création. On ne peut jamais être certain de la voie que l’on emprunte. Il n’y a pas de recette. On ne peut que se faire confiance, avancer et tirer tous les enseignements de l’expérience, apprendre des choses qui fonctionnent comme de celles qui ne fonctionnent pas. L’art est fait d’échecs, de tâtonnements et d’errance. Il faut exercer sans relâche, son intuition et sa confiance en soi, car l’artiste sent de quoi il a besoin pour progresser.
Comme moi, souvenez-vous que vous ne faites pas toujours quelque chose pour les bonnes raisons. Parfois, c’est juste pour satisfaire le petit démon du doute qui veut vous détourner du chemin que vous devez emprunter. Ne rebroussez pas chemin trop tôt.
Le signe qui ne trompe pas ? Le plaisir est une boussole. Un artiste peut se laisser guider en privilégiant le plaisir de la pratique à la satisfaction du résultat ou la peur de l’échec.
Pratique, confiance, plaisir, c’est avec ces mots que j’ai envie de commencer 2024, comme un guide pour moi, mais aussi et surtout pour vous.
Je vous souhaite le meilleur pour cette nouvelle année.
— mikl 🙏