L’écriture est un sport de combat – Le Flow #227

L’écriture est un sport de combat – Le Flow #227

Où je vous parle de Krav Maga (ou pas), et de Marcin.


Newsletter   •   08 juin 2025

Hello les ami·es,

Si je détourne le titre de l’ouvrage de Pierre Bourdieu, « La sociologie est un sport de combat », c’est qu’il y a de ça dans l’écriture, mais non pas comme le sous-entendais Pierre Bourdieu, contre un « ennemi » dont il faudrait démontrer les actions. L’écriture est une lutte pour progresser sur un chemin ardu et long. Tellement long, qu’on ne peut en apercevoir la fin. C’est un sport, oui, et si combat il y a, il n’a n’a rien à voir avec la mythologique peur de la page blanche, qui n’existe pas vraiment. L’écriture est un combat intérieur et personnel. C’est une bataille d’une vie.

Pour Steven Pressfield, c’est le combat de deux forces en nous, l’artiste face à la « résistance », cette petite voix, toujours là, qui cherche à nous détourner de l’essentiel, à nous rabaisser, à nous faire renoncer. Nous entendons tous la même voix dès lors que l’on entreprend quelque chose d’important.

Car se poser et écrire n’est pas si difficile, non ?

Une fois.

Car écrire est surtout difficile sur le long terme.

Lorsqu’il faut se poser régulièrement devant son clavier et persévérer malgré tout.

Malgré nous.

Malgré la résistance.

Il faut persévérer pour parvenir à terminer son premier texte, fût-ce une nouvelle.

Il faut persévérer pour terminer un roman, heurter des murs alors qu’on cherche son chemin dans le labyrinthe de nos pensées à la recherche de ce qu’on cherche à accomplir, sans plus savoir pourquoi.

Et puis recommencer. Un deuxième roman, un troisième… À chaque étape, il faut refaire le pari de la persévérance.

Dépasser les doutes qui ne s’effacent jamais vraiment, car on ne peut finalement juger de son travail qu’une fois le texte réellement terminé.

Le plus dur, c’est ce flou tenace qui nous accompagne. À explorer des terres vierges, on voyage sans carte. On ne sait jamais si ce qu’on fait tiendra vraiment debout avant d’avoir terminé le texte. Alors, on reçoit des retours, des avis. Longtemps après, après tant d’énergie investie dans le projet. Et ces retours sont souvent tranchés et contradictoires.

Mon amie Sylvie Poulain parlait justement de ces difficultés dans sa newsletter :

Un premier roman, et après ?
Souvenir de la Fête du livre de Scy-Chazelles, 2023 Le weekend dernier, j’étais aux Imaginales, mon rendez-vous annuel favori. Quatre jours de retrouvailles avec le milieu de l’imaginai…

L’écriture est un sport de combat, permanent, contre soi-même, contre ses doutes, contre les craintes de faire fausse route et la peur de décevoir. Un roman nous accompagne si longtemps qu’il porte et emporte forcément un morceau de notre vie, un morceau de nous, du temps qu’on y a consacré. Souvent beaucoup plus.

Alors que je suis encore dans l’attente de pouvoir commencer sur le travail éditorial de mon premier roman, se relancer sur un nouveau projet est difficile. Le flou n’aide pas à créer sereinement. Alors, oui, j’avance sur mon prochain roman, mais trop lentement à mon goût.

Je ne chôme pas pour autant.

J’ai publié un nouvel article pour partager ma vision pragmatique pour construire une Tech plus indépendante :

Designed in Europe, Made in China
Petit mode d’emploi pour désintermédier la Tech européenne

Je vais finir par pouvoir compiler un livre sur l’impact des technologies sur notre société...

Et puis, je reviens du festival des Imaginales à Épinal et c’était une édition fantastique, avec une belle énergie. Je me suis laissé débordé par le besoin de création et les rencontres. L’enthousiasme était certainement là aussi car plusieurs amis publiaient leurs nouveaux romans.

Je rentre aussi à peine du festival des Imaginales à Épinal, qui fut cette année une belle bouffée d’énergie créative. Les rencontres, les discussions, la joie de voir plusieurs ami·es publier leur nouveau roman :

Mai 2025: Une avalanche de publications
C’est un moment de fierté pour les auteurices de mon groupe d’écriture, avec une avalanche de sorties en mai. Je vous préviens, ça dépote.

J’en suis revenu à la fois lessivé et gonflé à bloc.

Et puis, j’ai eu le plaisir d’être interviewé par Dounia pour Nice Fictions. Plus d’une heure à parler de mes textes, d’écriture et de processus créatif – un vrai bonheur. Vous pouvez retrouver l’échange sur YouTube :

Mine de rien, ça fait pas mal d’actualités. Et je suis heureux d’avoir repris la plume électronique pour vous partager tout ça.


La dose de Flow

Musique

Petite découverte qui a illuminé mes dernières sessions d’écriture : Marcin, un jeune guitariste classique virtuose, capable de reprendre et réarranger des morceaux entiers sur une seule guitare. C’est bluffant, hypnotique, et parfait pour écrire – à la fois stimulant et apaisant, comme une transe tranquille. Sa reprise de « Kashmir » de Led Zeppelin, par exemple, m’a scotché :

Des trucs que j’ai aimé

  • Robert Jackson Bennett : j’ai dévoré la trilogie des Cités Divines. Un modèle de construction narrative, à lire absolument pour les amateurs d’univers denses.
  • Pierre Lemaitre : Robe de marié, un roman plus 2009, qui date encore de son époque polar. Glaçant. Une écriture au plus près des personnages, du Lemaitre pur jus.
  • J'ai vu deux séries excellentes, « D’argent et de sang » et « Andor ». Ce sont deux belle leçons de tension narrative, qui démontre que quand des scénaristes inspirés s’emparent d’un sujet fort, ils peuvent en faire des merveilles.

À suivre

Vous le comprenez, l’écriture, c’est aussi l’art de la patience. Alors que je trépigne avant d’entamer le travail éditorial sur mon premier roman, en attendant, j’écris, un peu aujourd’hui, un peu plus demain. Il n’y a rien d’autre à faire pour tromper l’attente, les peurs et les angoisses, et repousser, pour un jour encore, l’ombre de notre propre résistance. L’écriture est un sport de combat.

Je vous souhaite une merveilleuse semaine.

— mikl 🙏