Hello les ami·es,
Ça y est, la phase de correction éditoriale de mon premier roman a démarré. J’attends encore le contrat qui devrait arriver vite, et je vous en dirai plus dès que ce sera officiel. L’essentiel : mon premier roman est en route pour les librairies en 2026.
En attendant, j’ai du pain sur la planche, car je souhaite aussi avancer sur le roman suivant.
Et en parallèle, j’écris plus que jamais sur la technologie et notre avenir. Mon sujet d’intérêt est la confluence de la tech et de l’humanité : comprendre et expliquer comment elle nous influence et nous façonne, individuellement et collectivement.
De ce point de vue, je mange mon chapeau, c’est-à-dire que je revois mon jugement sur l’essor des IA génératives. Il est tentant de les considérer comme des outils comme les autres. Pourtant, je ne pense plus qu’on puisse les traiter ainsi sans conséquence et je vous explique pourquoi dans le texte qui suit.
Bonne lecture !
L’IA est politique
Il y a quelque temps j'écrivais un article dans lequel j'expliquais que l'IA n'était pas dangereuse en soi, qu'elle n'était qu'un outil comme les autres et que c'était ce que l'on en faisait qui pouvait être dangereux, pointant du doigt la démocratisation de ses usages militaires à des fins mafieuses.

Les IA sont-elles dangereuses ? (6 octobre 2023)
Eh bien figurez-vous que j'ai sous-estimé l'impact des algorithmes sur la société. Peut-être parce que je n'ai pas anticipé cette ruée vers le déploiement massif de l'ensemble de techniques qu'on appelle Intelligence artificielle aujourd'hui ? Peut-être ai-je péché par optimisme en pensant que le respect des droits d'auteurs renchérirait le coût de mise en œuvre de Large Language Models (LLM) ? Je comprends maintenant que ce ne sera pas le cas, en tout cas, pas sans un âpre combat pour la mise en œuvre d'un modèle économique viable pour les artistes.
La bataille de l’IA se joue dans la loi et les tribunaux (20 juin 2025)
Une histoire d’automatisation
Prenons un peu de recul et replaçons le mouvement dans la perspective historique des transformations de ces trois cents dernières années. Une forme de capitalisme s'est imposée un peu partout sur la planète, avec une logique de productivité et d'économies d'échelle qui a motivé les grandes phases d'automatisation de la production.
Nos sociétés ont mécanisé l'agriculture, puis robotisé l'industrie. L'essor de l'usage des algorithmes vise désormais à automatiser la production du secteur tertiaire. L'automatisation des tâches de bureau, amorcée dans les années 1960, pourrait désormais s'appliquer à une large part du secteur tertiaire. Vu de 2025, tout cela ressemble à une tendance de fond qui se déploie en un mouvement continu.
La Révolution numérique, devenue l'« ère de l'information », ne cesse de s'approfondir pour devenir depuis 2020 l'« ère des algorithmes ». Chaque « révolution » de l'automatisation d'un secteur a eu de larges conséquences et a redessiné l'ensemble des équilibres sociaux. Pourquoi celle-ci, celle du tertiaire, ferait exception ?
Où sont les réserves d'emploi ?
L'exode rural se faisait au profit des emplois manufacturiers. La robotisation de l'industrie était compensée par les emplois créés dans le secteur tertiaire. Il y avait bien sûr des drames personnels, mais les mouvements d'ensemble sur une génération d'un type d'emploi vers un autre étaient clairs. En se développant, les économies transfèrent l'emploi du secteur primaire, au secteur secondaire, le secteur industriel, puis du secteur secondaire au tertiaire.
Avec les perspectives d'automatisation ouvertes par les algorithmes, nous entrons dans une dernière phase décisive.