Hello les ami·es,
Je suis de retour de vacances, après une longue pause de cette lettre. Aucune idée encore de la fréquence que je vais pouvoir maintenir, car la phase de correction éditoriale de mon premier roman va bientôt commencer. Je vous en dirais plus dès que tout sera officiel.
En attendant, je mange mon chapeau et je revois mon jugement sur l’essor des algorithmes. Il est tentant de considérer les IA génératives comme des outils comme les autres. Non seulement ce n’est pas le cas, j’y reviendrai dans un prochain article, mais le pire est qu’il est impossible d’y échapper.
Voici en quelques points mes dernières inspirations sur les transformations induites à l'ère des algorithmes.
Bonne lecture !
L’influence pervasive des algorithmes
On les appelle pour le grand public des Intelligences Artificielles (IA). Les algorithmes effraient. C’est pour cela qu’on en parle autant.
À mesure que leur usage se répand, on espère garder le contrôle. On se rassure en se répétant que subir l’influence des algorithmes est un choix personnel. On veut croire qu’on peut s’y soustraire si on le souhaite.
- Consommer une production algorithmique n’est (hélas) pas uniquement un choix personnel. L’usage des LLM dans les interactions sociales ou la rédaction d’articles, de textes, de vidéos, de musiques, nous conduit à être confrontés à des productions algorithmiques sans le savoir, via un mail ou en écoutant une musique créée par une machine sur Spotify. Les moteurs de recommandation de tous les sites marchands sont algorithmiques, comme les publicités qui nous ciblent. Il en va de même pour les épisodes que Netflix vous suggère.
- On peut comparer l’usage des algorithmes aux Organismes Génétiquement Modifiés (OGM). Un champ d’OGM peut, par le mécanisme de pollinisation, se mélanger avec les cultures du champ voisin. C’est pareil pour les algorithmes. Leur usage par une partie de la population implique que les conséquences s’étendent indirectement à l’ensemble de la population. Les algorithmes menacent d’imposer leur réalité de manière ambiante et pervasive, qu’on en soit un utilisateur direct ou pas.
- Puisqu’on ne peut échapper aux algorithmes, nous sommes contraints d’aiguiser notre esprit critique pour en débusquer les travers et les erreurs. L’IA endort la vigilance et produit des textes qui paraissent cohérents. Si l’on ne veut pas abdiquer face à la machine, il faut être capable de développer son intuition pour sentir que quelque chose sonne faux dans un texte ou un argumentaire. L’éducation est non seulement plus que jamais nécessaire aujourd’hui, mais elle doit se concentrer sur l’analyse et la pensée, pas seulement le calcul et l’expression. Et en bonus, c’est aussi une compétence très utile face aux complotistes et aux détracteurs de la science.
- Travailler son intuition, développer son sens critique, implique de comprendre comment fonctionnent les algorithmes, ce dont ils sont capables, de savoir là où ils échouent, etc. Comprendre n’est pas cautionner, c’est un moyen de résister à l’immixtion indirecte et non sollicitée de la production algorithmique dans nos vies. C’est d’autant plus indispensable que les capacités de dialogue des algorithmes peuvent déclencher une empathie tout humaine chez leurs interlocuteurs. Si l’on ne comprend pas leur fonctionnement, il est difficile de garder en tête qu’ils n’ont pas d’émotions et de maintenir une distance empathique pour éviter ce que les chercheurs ont appelé l’« effet ELIZA », du nom du premier bot avec lequel certains ont interagi comme s’il était humain.
Notre exposition aux algorithmes ne résulte pas d’un choix individuel, mais d’un choix de société. J’en explorerai les conséquences dans un prochain article.
Si vous voulez répondre à ce mail pour partager quelques mots sur votre rapport personnel aux algorithmes, cela pourrait m’aider à affiner mes idées dans le texte à venir.
La dose de Flow
Musique
Je me trouvais à Épinal pour les festivals des Imaginales quand ce concert a eu lieu et j’étais très déçu de l’avoir raté.
L’excellente chaîne ARTE Concert vient de publier l’enregistrement du concert de Gaël Faye au Louvre. J’ai pu donc l’écouter. C’est une merveille de douceur et d’intelligence.
À suivre
J’ai repris le travail sur mon prochain roman en attendant de me lancer sur le travail éditorial pour le premier. J’ai repris l’écriture de manière plus intense et cela fait un bien fou.
J’espère pouvoir vous parler de tout ça dans une prochaine lettre.
En attendant, je vous souhaite une merveilleuse semaine !
— mikl 🙏