Alors, comment se passe votre week-end ?
La semaine dernière, je partageais mon Flow hebdomadaire, sur le thème de l’écriture.
Son impact est réel. Par exemple, le samedi même, mon épouse est rentrée à la maison avec un petit carnet, identique au mien, bien résolue à écrire ses pensées du moment pour ne pas les perdre.
Soit le changement que tu veux voir dans ce monde.
Changer, c’est se réinventer. Je ressens ce verbe comme une incantation, une formule magique qui instantanément nous place dans l’introspection, nous laisse prendre conscience de notre situation, et nous invite à choisir une direction.
Se réinventer est intimement lié au processus créatif. C’est choisir la liberté et la créativité face à l’inconfort, aux doutes, à notre conception de qui nous sommes et comment les autres nous perçoivent. Au quotidien, nous sommes enfermés dans une boîte dont nous ne voyons plus les limites.
Sortir du cadre demande un effort, même pour les plus grands artistes.
Voici un extrait des mémoires de Herbie Hancock, musicien qui a changé de nombreuses fois de style. Il y explique qu’il devait faire ces évolutions, suivre son intuition, explorer d’autres façons de faire. Lorsqu’il a enregistré Future Shock, Herbie Hancock a dérouté par son innovation, y compris ses propres musiciens :
Quand Bryan a écouté les morceaux, il a dit : « Tu sais, Herbie, tes fans n’aimeront peut-être pas ça. »
Herbie Hancock, Possibilities
J’ai juste secoué la tête, me sentant soudainement très fatigué. « Bryan », ai-je dit, « J’en ai tellement marre que je ne peux même pas expliquer à quel point. »
« Que veux-tu dire ? » a-t-il demandé.
« Écoute, ma mère est toujours en colère parce que j’ai quitté l’orchestre symphonique ! » Ai-je dit en agitant mes mains en l’air. « Quand j’ai arrêté de jouer de la musique classique et que j’ai fait du jazz, j’ai perdu toute considération. Quand j’ai quitté le jazz pour faire de la space music, j’ai à nouveau perdu toute considération. Quand j’ai quitté la space music pour faire du funk, rebelote. Et quand j’ai quitté le funk pour faire ce que je fais maintenant, on me critique encore.
« Tous les autres sont très préoccupés par ce que je fais, mais je ne le fais pas pour eux », lui ai-je dit. « Je fais ça parce que je dois le faire. Si les fans viennent, c’est super ! S’ils ne viennent pas, ça n’a pas d’importance, parce que je dois faire ça – parce que je veux faire ça. »
Vingt ans se sont écoulés depuis que j’ai rejoint le quintet de Miles Davis, et si j’avais passé mon temps à faire attention à ce que les autres voulaient que je fasse, je n’aurais jamais exploré d’autres styles de musique.
Et pourtant, on parle ici de Rockit, un des morceaux les plus emblématiques de Herbie Hancock.
Se réinventer… Être là où on ne nous attend pas. Vivre sans le poids trop grand du passé, mais avec la force et la confiance de l’expérience. Surprendre au risque de décevoir.
Se réinventer, c’est vivre plusieurs vies, tantôt successives, tantôt simultanées. Lorsqu’on se présente aux autres, on se définit par son activité majeure, son titre, son boulot. Ce sentiment d’exclusivité est un piège. Notre façon d’être nous enferme. Tout ce qui vient autour semble être accessoire, une anecdote ou un hobby.
À ce titre, l’exemple de l’écrivain est intéressant. Excepté quelques stars, auteurs de best sellers, l’activité d’écrivain n’est généralement pas exclusive. Même en ayant publié de nombreux livres chez des éditeurs reconnus, la plupart des romanciers n’écrivent pas à plein temps. Ils ont un autre travail rémunérateur. Définir les critères de ce qui fait l’écrivain tourne alors au débat sans fin. Impossible de trouver des éléments matériels pertinents. À la réflexion, on ne peut que conclure qu’être écrivain ce n’est pas un statut mais d’abord une activité. Si l’on écrit, si l’on se sent écrivain, alors on est écrivain.
Et cela vaut pour de nombreuses disciplines. Un sportif est quelqu’un qui pratique son sport, un peintre est quelqu’un qui peint, etc. Il n’y a pas d’autorisation à demander, de diplômes à passer, de formulaire à remplir. Il faut juste oser s’affirmer, oser répondre à voix haute lorsqu’on nous demande ce que l’on fait : « Je suis écrivain ». Ou musicien, danseur, vidéaste, réalisateur, acteur, chanteur, peintre, coach, conférencier, journaliste, etc.
C’est à nous d’oser sortir de notre boîte, d’oublier la peur du jugement. Nous sommes tous riches de multiples facettes. Nous pouvons, chaque semaine ou presque, nous définir par le terme qui correspond à notre envie pour nous habituer à nous voir différemment et à vivre plusieurs de nos vies.
Devant l’évidence, je me souviendrais de ce matin, comme le jour où je me suis autorisé à dire : « Je suis écrivain ».
Et vous ? Qu’allez-vous être aujourd’hui ?
La dose de flow
Développement personnel
J’ai publié un blog post cette semaine qui aide à replacer les priorités, à prendre du recul et invite à réfléchir à sa manière de doser ses efforts : « Leçons de conduite », ou comment « Le Mans 66 » peut vous aider à gérer votre performance.
Musique
Lorsqu’on parle de transcender les styles et de talents multifacettes, Lady Gaga est un excellent exemple. Musicienne, chanteuse, danseuse, actrice, les qualificatifs semblent trop étroits pour elle.
Dans le concert de Sting pour ses soixante ans, Lady Gaga intervient sur King of Pain, au piano et au chant, loin de son répertoire habituel. Le duo fonctionne à merveille, le plaisir des musiciens est palpable et le résultat est magnifique.
À suivre
Merci encore pour vos encouragements, vos commentaires, vos suggestions de lecture et vos articles, pour toute cette matière première qui alimente ma réflexion.
Mais, surtout, merci pour la discussion et les réponses en miroir dans vos posts sur les réseaux sociaux. Le dialogue prend forme et permet de sentir que nous cheminons ensemble.
Je vous souhaite un merveilleux week-end !
— mikl 🙏
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Photo by Ivan Vranić on Unsplash
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